La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP) fut la réponse du marxisme aux obstacles et au sabotage du processus de construction socialiste créé par les révisionnistes et les tenants de la voie capitaliste. En particulier après la montée du révisionnisme en Union soviétique, Mao constata que l’un des plus grands dangers de la restauration du capitalisme provenait du Parti lui-même. Tout au long du grand débat, Mao, tout en luttant contre le révisionnisme, essaya de trouver la réponse à la question de savoir comment empêcher la restauration du capitalisme. Il était en même temps profondément impliqué dans la lutte contre les khrouchtchevistes chinois, comme Liu Shaoqi et Deng Xiaoping. Ainsi, tout en concluant le Grand Débat dans le dernier document de la PCC, qui se nommait Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde, Mao souligna certains points sur la question d’empêcher la restauration du capitalisme.

Mao insista d’abord sur la reconnaissance de la nécessité de poursuivre la lutte de classe tout au long de la période de la société socialiste, et ce jusqu’au bout. Il expliqua que le changement dans la propriété des moyens de production, c’est-à-dire la révolution socialiste sur le front économique, est insuffisant en soi. Il insista sur le fait qu’il faut une révolution socialiste approfondie sur les fronts politiques et idéologiques afin de consolider la révolution et que cette révolution doit se poursuivre sous la dictature du prolétariat.

Mao souligna également à plusieurs reprises que pour mener à bien cette révolution, il était nécessaire de s’en tenir à la ligne de masse, d’éveiller audacieusement les masses et de lancer des mouvements de masse à grande échelle. Pour cela, le Parti devrait compter, gagner et s’unir avec les masses populaires, qui constituent 95% de la population, dans une lutte commune contre les ennemis du socialisme. Mao insista également sur le besoin de « mener à maintes reprises de vastes mouvements d’éducation socialiste dans les villes et les campagnes ». Dans ces mouvements continus pour éduquer les gens, Mao souligna de nouveau la nécessité d’organiser les forces de classe révolutionnaires et « de mener une lutte forte contre les forces antisocialistes, capitalistes et féodales ». Ainsi, Mao voyait clairement que la participation étendue des masses était une condition préalable essentielle pour empêcher la restauration du capitalisme. Cela vint de l’expérience directe de Mao, qui constatait lui-même la manière dont les révisionnistes infiltraient la direction du Parti et constituaient les principaux éléments de la restauration du capitalisme.

Cependant, au sein du PCC il y avait une forte résistance des plus hauts niveaux, menée par Liu Shaoqi, à la mise en œuvre de ces théories et au programme concret proposé par Mao. Ainsi, bien que la « révolution culturelle socialiste » ait été officiellement acceptée à la dixième session plénière du huitième Comité central en 1962, la mise en œuvre fut menée à moitié et dans une direction contraire à la ligne donnée par Mao. En fait, la bureaucratie du parti, sous le contrôle de Liu, commença à critiquer Mao pour les actions qu’il essayait de prendre et à s’opposer aux actions entreprises contre ceux qui tenaient la voie capitaliste comme Peng Dehuai. Ils menèrent cette critique à travers des articles dans la presse et des pièces de théâtre et d’autres manifestations culturelles sur lesquelles ils avaient la main mise. Leur contrôle était tel que Mao ne pouvait même pas obtenir un article qui le défendait imprimé dans la presse à Pékin. Une publication défendant Mao et ses politiques fut finalement été rédigée en novembre 1965 dans la presse de Shanghai, un centre beaucoup plus radical que Pékin. C’est ce que Mao a appelé plus tard « le signal » pour la GRCP qui a commencé à critiquer la bureaucratie du parti et à soutenir la ligne de Mao dans les médias et le domaine de la culture. Il y eut également des demandes d’autocritique des principaux coupables. Cependant, la bureaucratie du Parti faisait tout son possible pour empêcher ce mouvement de prendre un caractère de masse. Le groupe de la Révolution culturelle, qui était censé l’initier et la diriger, essayait réellement de contrôler la dissidence et de la canaliser sur des lignes académiques.

Enfin, le Comité Central sous la direction de Mao, publia une circulaire le 16 mai 1966, a dissous le « Groupe des Cinq », sous la responsabilité de laquelle la Révolution culturelle avait été sabotée, et mit en place un nouveau « Groupe de la Révolution Culturelle » directement sous le contrôle du Comité permanent du Bureau Politique. Cette circulaire du 16 mai donna l’appel pour critiquer et briser la résistance des tenants du capitalisme, et en particulier ceux du parti. Cette action conduisit à l’initiation réelle de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, et en fit un phénomène de masse impliquant des millions de personnes.

Le 25 mai, le premier Dazibao, littéralement “journal à grands caractères” fut affiché à l’Université de Pékin pour critiquer son vice-chancelier et le système éducatif dans son ensemble. Ce n’était que la première de milliers d’affiches massives mises en place par les masses à travers le pays où elles exprimaient leur opinion et critiquaient ce qu’elles pensaient être incorrect dans la société. Des manifestations et des critiques de masse eurent lieu pour critiquer les professeurs, les bureaucrates du parti et d’autres pour leurs mauvaises politiques. Bientôt, il y eut une demande d’une section d’étudiants pour l’abolition des examens d’entrée. Le Comité central adopta en juin une ordonnance suspendant de nouvelles admissions dans les collèges et les universités pendant six mois afin que les étudiants et les jeunes puissent participer plus pleinement à la GRCP. Cependant, la période de six mois se révéla trop courte et les universités rouvrirent seulement leurs portes après quatre ans.

Mao commença également à participer personnellement à la GRCP. Le 17 juillet, il participa avec dix mille autres nageurs à une nage dans le fleuve Yangzi. C’était son acte symbolique signifiant qu’il participait au flux de la GRCP. A nouveau, le 5 août, lors de la réunion du onzième plenum du PCC, Mao donna un signal beaucoup plus direct. Il mit en place son propre Dazibao. Son slogan principal était « Feu sur le Quartier Général ! ». Ce fut un appel clair à l’attaque du quartier général capitaliste de la ligne capitaliste dans le Parti dirigé par Liu Shaoqi. L’appel de Mao donna une nouvelle impulsion aux actions et au militantisme du mouvement.

Le 18 août, Mao était présent lors du premier rassemblement de Gardes Rouges à Pékin – fort de un million de membres. Les gardes rouges étaient les membres des milliers d’organisations de masse qui avaient vu le jour dans tout le pays pour participer à la GRCP. Les premières organisations de masse étaient principalement composées d’étudiants et de jeunes, mais à mesure que le mouvement augmentait, de telles organisations grandissaient parmi les ouvriers, les paysans et les employés de bureau. Le rassemblement du 18 août fut le premier de nombreux rassemblements de ce genre. À certains moments, il y avait plus de deux millions de Gardes rouges de tout le pays réunis dans la capitale.

Le onzième plenum définit la GRCP comme « une nouvelle étape dans le développement de la révolution socialiste dans notre pays, une étape plus profonde et plus étendue ». Mao, dans son discours de clôture au plenum, déclara : « La grande révolution culturelle prolétarienne est en essence une grande révolution politique dans les conditions socialistes pour le prolétariat contre la bourgeoisie et toutes les autres classes exploiteuses. C’est la suite de la longue lutte contre les réactionnaires du Kuomintang menés par le PCC et les grandes masses révolutionnaires sous sa direction. C’est la poursuite de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie. »

Le onzième plenum adopta ce que l’on appelait les seize articles de la Révolution Culturelle. Il répéta et insista sur ce qui avait été dit par la circulaire du 16 mai, c’est à dire que le but de la révolution culturelle est de toucher les âmes des gens, de changer l’homme. Les idées anciennes, la culture, les coutumes, les habitudes des classes exploiteuses façonnaient toujours l’opinion publique, offrant un terrain fertile pour la restauration du capitalisme. Les perspectives mentales devaient être transformées et créer de nouvelles valeurs.

Il identifiait la cible principale comme étant « ceux qui sont dans le parti qui sont en autorité et empruntent la voie capitaliste». Il désignait les forces principales de la révolution comme « les masses des travailleurs, des paysans, des soldats, des intellectuels et des cadres révolutionnaires ».

L’objectif de la révolution était « de lutter contre les personnes en autorité qui empruntent la voie capitaliste, de critiquer et de répudier les « autorités » réactionnaires bourgeoises et l’idéologie de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses et de transformer l’éducation, l’art et la littérature et toutes les autres parties de la superstructure qui ne correspondent pas à la base économique socialiste, afin de faciliter la consolidation et le développement du système socialiste ». La forme de la révolution était d’éveiller les centaines de millions de masses pour diffuser librement leur point de vue, écrire des affiches en grands caractères et organiser de grands débats afin que les tenants de la voie capitaliste au pouvoir soient exposés et que leurs plans de restauration du capitalisme puissent être écrasés.

L’aspect essentiel de la Révolution Culturelle était l’avancement et la mise en œuvre pratique de la ligne de masse de Mao. Elle visait non seulement à éliminer les éléments hostiles au socialisme, mais aussi à permettre à la classe ouvrière d’« exercer son pouvoir en toute chose », de « placer la politique à la tête de l’administration » et de veiller à ce que tous ceux qui servent de fonctionnaire restent « des gens du peuple ». Pour atteindre ces objectifs, il fallait lancer une offensive totale contre l’idéologie bourgeoise de telle sorte que les masses seraient activement impliquées.

Ainsi, la résolution du onzième plenum clarifia les points suivants :

Dans la grande révolution culturelle prolétarienne, la seule méthode est pour les masses de se libérer elle-même, et toute méthode de faire les choses en leur nom ne doit pas être utilisée.

Faites confiance aux masses, appuyez-vous sur elles et respectez leur initiative. N’ayez pas peur. N’ayez pas peur du désordre. […] Laissez les masses s’éduquer dans ce grand mouvement révolutionnaire et apprendre à distinguer le bien et le mal et la différence entre les façons correctes et incorrectes de faire les choses.

Au fur et à mesure que les masses entraient de plein fouet dans la révolution, elles créaient même une nouvelle forme d’organisation – le comité révolutionnaire. Il était basé sur la combinaison « trois en un » : c’est-à-dire que ses membres, qui étaient élus, soumis à la révocation et directement responsables devant le peuple, provenaient du Parti, de l’Armée populaire de libération et des organisations de masse (les Gardes Rouges dont l’effectif avait atteint trente millions). Ils s’établirent à tous les niveaux, de l’usine ou de la commune aux organes des gouvernements provinciaux et régionaux, et leur fonction était de fournir le lien par lequel les masses pourraient participer directement au fonctionnement du pays.

Cet organe de pouvoir trois-en-un permit au pouvoir politique prolétarien de s’enraciner profondément dans les masses. La participation directe des masses révolutionnaires au gouvernement du pays et l’application de la supervision révolutionnaire par en bas au sujet des organes du pouvoir politique à différents niveaux joua un rôle très important pour que les principaux groupes adhèrent à la ligne de masse. Ainsi, ce renforcement de la dictature du prolétariat était aussi l’exercice le plus vaste et le plus profond de la démocratie prolétarienne encore réalisé dans le monde.

Sous le déroulement initial de la Révolution culturelle en 1966-1967, le quartier général bourgeois au sein du Parti fut effectivement brisé, et la plupart des tenants de la ligne de la voie capitaliste comme Liu Shaoqi et Deng Xiaoping et leurs partisans furent dépouillés de leurs postes au parti et contraints de faire leur l’autocritique devant les masses. C’était une grande victoire, qui inspira non seulement les masses chinoises, mais créa également une vague d’enthousiasme révolutionnaire parmi les communistes à travers le monde.

Au cours du grand débat, de nombreuses forces révolutionnaires se rassemblèrent autour de la ligne révolutionnaire du PCC menée par Mao, mais c’est principalement pendant la Révolution Culturelle que ces forces à travers le monde acceptèrent que ce soit le maoïsme qui pourrait fournir les réponses aux problèmes de la Révolution socialiste mondiale. La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne montra que le marxisme avait une réponse à la restauration capitaliste. Cette avancée dans le marxisme conduisit à la consolidation de nombreux groupes et partis révolutionnaires à travers le monde sur la base du marxisme-léninisme-maoïsme et au lancement des luttes révolutionnaires sous leur direction.

Cependant, Mao a prévenu que : « La présente Grande Révolution Culturelle Prolétarienne n’est que la première ; Il y en aura inévitablement beaucoup plus dans le futur. La question de savoir qui va gagner dans la révolution ne peut être réglée que sur une longue période historique. Si les choses ne sont pas traitées correctement, il est possible qu’une restauration capitaliste ait lieu à tout moment dans le futur. »

De plus, il rappela au Neuvième Congrès du parti en 1969 : «Nous avons gagné une grande victoire. Mais la classe vaincue continuera à se battre. Ses membres sont encore là et elle existe encore, donc nous ne pouvons pas parler de victoire finale, pas avant des décennies. Nous ne devons pas perdre notre vigilance. Du point de vue léniniste, la victoire finale dans un pays socialiste exige non seulement les efforts du prolétariat et des grandes masses chez soi, mais dépend aussi de la victoire de la révolution mondiale et de l’abolition du système d’exploitation de l’homme par l’homme sur cette terre afin que toute l’humanité soit émancipée. Par conséquent, il est faux de parler de la victoire finale de la révolution dans notre pays avec légèreté ; Cela va à l’encontre du léninisme et ne se confirme pas dans les faits. »

Les mots de Mao se révélèrent justes en peu de temps. D’abord en 1971, Lin Biao, alors vice-président, qui, lors du Neuvième Congrès de la PCC avait été nommé successeur de Mao, conspira pour prendre le pouvoir en voulant assassiner Mao et mettre en scène un coup d’Etat militaire. Cela fut déjoué par la vigilance des révolutionnaires dans le Parti.

Après cela, les révisionnistes comme Deng furent réhabilités à des positions élevées au sein du parti et de l’appareil d’Etat. Au cours de la dernière période de la Révolution culturelle, il y eut encore une lutte contre ces tenants de la voie capitaliste et Deng fut de nouveau critiqué et retiré de tous ses postes quelques mois avant la mort de Mao le 9 septembre 1976. Il avait cependant beaucoup de ses agents dans des postes de pouvoir. Ce sont ces renégats qui conçurent le coup d’Etat pour prendre le parti et le conduire sur le chemin de la restauration capitaliste très peu de temps après la mort de Mao. Ce sont eux qui sabotèrent la Révolution culturelle et annoncèrent officiellement sa fin en 1976.

Ce coup d’état ainsi que la restauration capitaliste ne peuvent cependant pas répudier la validité de la vérité de la Révolution culturelle. Elle confirme plutôt, en quelque sorte, les enseignements de Mao sur la nature de la société socialiste et la nécessité de poursuivre la révolution sous la dictature du prolétariat. La révolution culturelle est un outil scientifique développé dans la lutte contre la restauration capitaliste et dans la lutte théorique pour développer le marxisme-léninisme-maoïsme. Sa validité scientifique fut établie dans la Révolution chinoise. Son efficacité comme arme pour mobiliser les vastes masses dans la lutte contre le danger de la restauration capitaliste dans un pays socialiste fut également prouvée. Cependant, comme le souligna Mao lui-même, aucune arme ne peut garantir la victoire finale. Ainsi, le fait que les défenseurs du capitalisme réalisèrent une victoire temporaire ne diminue en rien la vérité objective de la nécessité et de l’efficacité de cette arme dans la lutte pour la construction socialiste et la défense du socialisme.

La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne est l’une des principales contributions du marxisme-léninisme-maoïsme à l’arsenal du prolétariat international. Elle représente la mise en pratique de la plus grande contribution de Mao au marxisme : la théorie de la révolution ininterrompue sous la dictature du prolétariat pour consolider le socialisme, combattre le révisionnisme moderne et empêcher la restauration du capitalisme. Son importance pour le prolétariat international est incommensurable dans le monde d’aujourd’hui où toutes les bases socialistes ont été perdues en raison des dessins manipulateurs de la bourgeoisie au sein du parti communiste lui-même. Par conséquent, le temps est venu de réviser la définition du marxisme de Lénine.

Lénine, tout en définissant un marxiste, avait déclaré qu’il ne suffisait pas d’accepter la lutte des classes pour être appelé marxiste. Il a dit que seuls ceux qui reconnaissent à la fois la lutte de classe et la dictature du prolétariat peuvent être appelés marxistes. Aujourd’hui, il ne suffit pas de reconnaître la lutte des classes et la dictature du prolétariat comme marxiste. Un marxiste doit accepter la compréhension de base de la GRCP. Ainsi, est un marxiste celui qui étend la reconnaissance de la lutte des classes et de la dictature du prolétariat à la reconnaissance de la révolution ininterrompue dans la superstructure dans le but d’achever la révolution mondiale et de construire la société communiste le plus tôt possible.