La fin des années 60 – la période de la GRCP et l’établissement du maoïsme comme nouvelle étape du marxisme-léninisme – était une période de fermentation révolutionnaire dans de nombreuses régions du monde. La guerre révolutionnaire en Indochine (la région couvrant le Vietnam, le Cambodge et le Laos) porta des coups sévères à l’énorme force militaire des impérialistes américains. Simultanément, les révolutionnaires brisèrent les chaînes des révisionnistes modernes et lancèrent des luttes armées sous la direction du maoïsme dans de nombreuses régions du Tiers Monde durant cette période – les luttes armées en cours aux Philippines et en Inde continuent depuis lors. Les luttes de libération nationale menant la guerre de guérilla s’enracinèrent également dans diverses parties du monde, ainsi que des luttes armées sous l’idéologie guévariste (idéologie suivant les opinions et la pratique du Che Guevara, qui a joué un rôle de premier plan dans les luttes révolutionnaires à Cuba et en Bolivie) dans certaines parties de l’Amérique Latine.
La guerre d’Indochine, l’intensification des luttes dans le Tiers Monde et la GRCP furent parmi les facteurs majeurs de la vaste flambée des étudiants et des mouvements anti-guerre dans le monde capitaliste à la fin des années soixante. La révolte étudiante de Paris de mai 1968 fut la plus importante, mais seulement une des vagues de révoltes étudiantes allant des États-Unis à l’Italie en passant par la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. Cela eut également un impact sur les mouvements étudiants dans diverses parties du Tiers Monde. En même temps, les manifestations contre la guerre du Vietnam commencèrent à se multiplier aux États-Unis et dans d’autres parties du monde avec des mouvements massifs de paix contre la guerre et la course aux armements nucléaires dans les grandes villes d’Europe. Les impérialistes américains furent effectivement isolés, et aucun de leurs alliés n’acceptèrent d’envoyer des troupes se battre au Vietnam. Après le mouvement des étudiants, il y eut aussi une forte croissance des luttes de la classe ouvrière industrielle dans les pays d’Europe Occidentale, en particulier l’Italie et la France, mais surtout basées sur des demandes économiques. D’énormes vagues de grèves avec des revendications salariales importantes paralysèrent souvent les économies entières des pays impérialistes.
Le milieu des années 70 vit le renversement final de nombreux régimes coloniaux de longue date après de longues guerres de guérilla. Ainsi, les États-Unis et leurs marionnettes furent expulsés du Vietnam, du Cambodge et du Laos en 1975. En Afrique, les républiques du Mozambique, de l’Angola, de l’Éthiopie, du Congo et du Bénin se formèrent durant cette période. Cependant, la plupart de ces pays furent repris en main par des marionnettes ou des satellites du nouvel impérialisme – le social-impérialisme soviétique. Une exception importante fut le Cambodge, où des véritables révolutionnaires – les Khmers Rouges – restèrent indépendants jusqu’à ce qu’ils soient envahis en 1978 par le Vietnam à la demande des impérialistes soviétiques.
Dans la période suivante il y eut aussi la continuation d’une excellente situation révolutionnaire avec l’accentuation de toutes les contradictions fondamentales et l’affaiblissement de l’impérialisme. En particulier, les colonies et les semi-colonies continuèrent d’être les zones de tempête de la révolution mondiale. Au début de cette période, des guerres de guérilla se poursuivirent au Zimbabwe, au Nicaragua, en Érythrée et dans d’autres pays. La Guerre populaire commença au Pérou en 1980 sous une direction communiste révolutionnaire. Le Shah de l’Iran fut renversé et une République islamique anti-américaine vit le jour. La guerre de libération nationale éclata en Afghanistan après l’installation d’un régime fantoche pro-soviétique en 1978 et l’occupation armée du social-impérialisme soviétique en 1979. La lutte héroïque du peuple afghan porta un grave coup au régime soviétique et se révéla être un facteur majeur de l’effondrement final de l’URSS.
L’importance des luttes des peuples des colonies et des semi-colonies de l’époque fut qu’elles changèrent à jamais la nature des relations entre l’impérialisme et les nations opprimées. Les guerres du Vietnam et d’Afghanistan prouvèrent que même une superpuissance ne pouvait pas occuper un petit et faible pays. Cette vérité éclata encore plus vivement dans les années 90 dans les nombreux endroits où les forces de maintien de la paix de l’ONU tentèrent d’intervenir. Le Somaliland, qui avait été contrôlé pendant de nombreuses années sans difficulté majeure par les colonialistes britanniques et italiens, était devenu la Somalie dans les années 90, quand des milliers de troupes américaines et d’autres nations furent forcées de se retirer avec déshonneur lorsqu’elles furent attaquées par le peuple. Même le bombardement continu et à grande échelle de l’Irak et de la Yougoslavie sans l’engagement de troupes au sol était la reconnaissance par l’impérialisme qu’aucun pays, nation ou peuple n’était prêt, à cette période, à accepter une occupation militaire.
Depuis l’effondrement des régimes bureaucratiques en Europe de l’Est et dans les différentes républiques de l’ex-Union soviétique, une crise révolutionnaire continuelle s’y produit également. Même dans les pays impérialistes occidentaux, l’aggravation de la crise conduit à l’intensification de la contradiction entre le travail et le capital et les vagues répétées de luttes de grève par la classe ouvrière industrielle. Les forces révolutionnaires n’ont cependant pas été suffisamment organisées pour utiliser l’excellente situation révolutionnaire internationale pour faire avancer la Révolution socialiste mondiale.
Après la mort de Mao en 1976, les tenants de la voie capitaliste qui étaient restés dans le Parti organisèrent un coup d’État sous la direction de l’archi-révisionniste Deng Xiaoping et prirent le contrôle du Parti sous la direction nominale de Hua Guofeng – un soi-disant centriste. Comme Mao l’avait souvent enseigné, avec le contrôle politique passant aux mains des révisionnistes, la base socialiste quitta les mains du prolétariat. Simultanément, la direction du Parti du Travail d’Albanie se mua en une ligne opportuniste attaquant le maoïsme et attaquant Mao comme étant un révolutionnaire petit-bourgeois. Bien que les Khmers rouges aient continué à être au pouvoir au Cambodge, menant une lutte constante contre les ennemis internes et externes de la révolution, ils n’étaient pas encore sortis des ravages économiques de la guerre et n’avaient pas encore consolidé leur pouvoir lorsqu’ils furent vaincus par l’armée vietnamienne soutenue par les Soviétiques. Ainsi, il n’y avait pas de pays dans le monde où le prolétariat avait consolidé sa mainmise sur le pouvoir d’État et pouvait jouer le rôle de base socialiste pour le prolétariat international.
Dans les années qui suivirent la mort de Mao, il y a eu une confusion idéologique considérable dans le mouvement communiste international, avec les révisionnistes de Deng, au travers de Hua Guofeng, qui essayait de se présenter comme défenseurs du maoïsme. En particulier, ils colportèrent frauduleusement la théorie révisionniste des Trois Mondes comme la ligne générale de Mao pour le prolétariat international. Beaucoup de groupes révolutionnaires acceptèrent ces positions et ce n’est qu’après la très ouvertement révisionniste Résolution Historique du PCC en 1981 et son XIIe Congrès en 1982 que les forces les plus révolutionnaires à travers le monde commencèrent à s’opposer ouvertement au révisionnisme de Deng. Cependant, certains groupes continuèrent à suivre la ligne révisionniste Dengiste et abandonnèrent les enseignements révolutionnaires de Mao. Certains autres groupes se rallièrent à l’attaque opportuniste du Parti du Travail Albanais sur le maoïsme. Cependant, ces partis se désintégrèrent ou révélèrent ouvertement leurs natures révisionnistes.
Ceux qui s’opposèrent résolument au révisionnisme de Deng et soutinrent le maoïsme dans la pratique firent cependant des avancées considérables. Aujourd’hui, ces forces forment le cœur du prolétariat international révolutionnaire. Ils mènent des luttes armées au Pérou, aux Philippines, en Turquie, au Népal et en Inde. Bien que ces forces soient organisationnellement encore très faible, elles continuent de croître en puissance.
La principale source de leur montée en puissance est la justesse de l’idéologie marxiste-léniniste-maoïste. La chaîne des principaux événements historiques au cours des vingt dernières années confirment la plupart des analyses du maoïsme. En particulier, l’effondrement de l’Union Soviétique et sa fin de statut de superpuissance face aux luttes des peuples et le grave affaiblissement de la superpuissance américaine face aux luttes des peuples opprimés du monde confirment l’évaluation de Mao, qui disait que les impérialistes n’étaient que des tigres de papier qui recevraient une leçon par le peuple.
De même, le maoïsme reste le meilleur outil entre les mains du prolétariat international et des peuples opprimés pour formuler et mettre en œuvre le programme de révolution dans leurs pays respectifs. Il a également eu une influence majeure sur les luttes armées pour la libération nationale qui se déroulent dans divers coins du globe. Bien que, dans cette période, il n’y ait eu aucun développement majeur ou significatif dans la science et la théorie marxiste, le MLM continue d’être adaptable aux conditions changeantes du monde. Il constitue pourtant la seule théorie scientifique et correcte pour le prolétariat international.
Le mouvement communiste international traverse un processus de victoire-défaite-victoire sur le chemin de la victoire finale dans la Révolution Socialiste Mondiale. Pour ceux qui seraient désorientés en raison des hauts et des bas de ce processus, il serait utile de se rappeler de l’interprétation donnée par Mao pendant le Grand Débat et aussi pendant la Révolution Culturelle : « Même la révolution bourgeoise, qui a remplacé une classe exploiteuse par une autre, a dû subir des renversements répétés et témoigner de nombreuses luttes – la révolution, puis la restauration, puis le renversement de la restauration. Il a fallu des centaines d’années à de nombreux pays européens pour achever leurs révolutions bourgeoises depuis le début des préparatifs idéologiques jusqu’à la conquête finale du pouvoir de l’État. Puisque la révolution prolétarienne est une révolution visant à mettre complètement fin à tous les systèmes d’exploitation, il est encore moins permis d’imaginer que les classes exploiteuses permettront avec douceur au prolétariat de les priver de tous leurs privilèges sans chercher à rétablir leur domination. »
Les défaites temporaires sont donc à prévoir sur le chemin long et tortueux de la Révolution socialiste mondiale. Les 150 ans d’histoire du développement du marxisme-léninisme-maoïsme démontrent cependant de façon concluante que c’est le destin historique de cette doctrine de diriger et de guider le prolétariat international vers la victoire finale.