En 1953, après la mort de Staline, une clique révisionniste menée par Khrouchtchev, organisa un coup d’état et prit les contrôles du PCUS, qui était alors le parti dirigeant du prolétariat international. Ils expulsèrent ou tuèrent les révolutionnaires dans le parti, commencèrent le processus de restauration du capitalisme dans la première terre du socialisme et développèrent des liens avec le camp impérialiste, en particulier l’impérialisme américain. En 1956, après avoir obtenu un contrôle ferme sur le PCUS, ils commencèrent, au 20e Congrès du PCUS, à répandre leur poison révisionniste parmi d’autres partis communistes. Ils attaquèrent simultanément le soi-disant culte de la personnalité de Staline et introduisirent leur théorie révisionniste des trois pacifiques : transition pacifique, coexistence pacifique et concurrence pacifique.

La transition pacifique signifiait une transition pacifique vers le socialisme par la voie parlementaire. Khrouchtchev proposait que, à l’époque actuelle, il était possible de réaliser le socialisme en gagnant pacifiquement une majorité au parlement et en introduisant des réformes. Il niait donc le besoin de révolution. Cette théorie était donc une répétition du révisionnisme de Bernstein et d’autres social-démocrates.

La cohésion pacifique entre les états ayant des systèmes sociaux différents fut proposée par Khrouchtchev comme la ligne générale de la politique étrangère de l’Etat socialiste. Il déformait la politique de Lénine en matière de coexistence pacifique avec les États capitalistes, qui n’était qu’un des aspects de la politique étrangère de l’internationalisme prolétarien. Khrouchtchev subordonnait toutes les autres choses à son désir de maintenir une coexistence pacifique avec l’impérialisme. Il fit dépendre les relations avec les autres pays socialistes et l’aide à ces pays, ainsi que la politique d’aide aux luttes des nations opprimées, des exigences de la coexistence pacifique avec les puissances impérialistes. Ce n’était donc rien d’autre qu’une politique de collaboration avec l’impérialisme.

La concurrence pacifique était la théorie selon laquelle la contradiction entre l’impérialisme et le socialisme serait résolue par la concurrence économique entre les systèmes capitalistes et socialistes. Cette théorie refusait donc de reconnaître le caractère réactionnaire et guerrier de l’impérialisme. Elle créa l’illusion que la contradiction entre le camp socialiste et impérialiste était une contradiction non-antagoniste, qui serait résolue par des formes de lutte pacifiques.

La théorie de Khrouchtchev des trois pacifiques était donc une théorie révisionniste à part entière, qu’il voulait imposer au mouvement communiste international. Elle visait à établir une relation étroite avec l’impérialisme. Afin de mettre en œuvre ses projets et d’accepter les pouvoirs impérialistes, Khrouchtchev a lancé simultanément une attaque vicieuse contre Staline au nom du culte de la personnalité. Afin de démolir les principes révolutionnaires pour lesquels Staline avait combattu, il fallait d’abord détruire l’image de Staline parmi les révolutionnaires et les masses à travers le monde. Cela a été fait par une campagne de mensonges et une propagande dégénérée.

Beaucoup de dirigeants des partis communistes du monde soutinrent la ligne révisionniste de Khrouchtchev. Certains avaient déjà commencé à adopter la ligne révisionniste dans leur propre pays. Browder, aux États-Unis, avait déjà présenté des théories de collaboration entre le socialisme et le capitalisme et avait quitté le mouvement communiste international. Thorez, l’ancien leader français de la Troisième Internationale, avait développé des relations étroites avec la bourgeoisie après la période du front antifasciste et avait pris dans les années d’après-guerre des positions chauvines envers les peuples des colonies françaises pour devenir le serviteur de la bourgeoisie impérialiste française. En Italie, Togliatti, un autre grand leader de la Troisième international, voulait « réformer » et « restructurer » le capitalisme en socialisme par le biais de « réformes structurelles » par le parlement bourgeois. Les dirigeants du Parti Communiste Indien avaient déjà changé leur ligne tactique pour reconnaître la voie pacifique et réformiste. Ainsi, ces forces révisionnistes, qui n’avaient pas été assez critiquées et vaincues dans la période antérieure, collaborèrent avec joie avec Khrouchtchev.

Cependant, lorsque de tels partis essayèrent de manière sérieuse de mettre en œuvre une « transition pacifique » par le biais du système électoral et que ces efforts menaçaient suffisamment l’ordre social, ils furent éliminés par des coups d’état militaires et une répression sauvage, comme au Brésil (en 1964), en Indonésie (en 1965), et au Chili (en 1973).

Parmi les démocraties populaires nouvellement formées, la Ligue des communistes de Yougoslavie, dirigée par Tito, avait déjà pris à partir de 1948, la voie révisionniste et s’était séparée du camp socialiste. Khrouchtchev, cependant, commença à entretenir des relations amicales avec lui. La plupart des dirigeants restants s’étaient également alignés sur Khrouchtchev. Dans le camp socialiste, il n’y avait que le PCC et le Parti du travail d’Albanie qui aient identifié et reconnu le révisionnisme et qui firent ainsi une défense vaillante et déterminée du marxisme-léninisme.

Le PCC, sous la direction de Mao, était à l’avant-garde de cette lutte. Dans un délai de deux mois après le 20ème Congrès du PCUS, le PCC publia À propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat, un article qui désignait Staline comme un marxiste-léniniste remarquable. Il a été suivi d’un autre article en décembre 1956, intitulé Encore une fois à propos de l’expérience historique de la dictature du prolétariat, qui insistait sur le fait que le camp socialiste devrait délimiter clairement ses amis et ses ennemis. Cela fut combiné avec une tentative d’une durée de sept ans pour lutter contre la ligne révisionniste de Khrouchtchev dans les réunions des partis, en particulier lors du, rassemblement de 60 partis frères en 1957, de 81 partis frères en 1960 et lors de réunions avec la direction du PCUS.

Au fur et à mesure que la lutte s’accentuait, les révisionnistes soviétiques retirèrent, en juin 1959, leur assistance technique dans le domaine de la défense et, en juillet 1960, tous les experts techniques soviétiques qui travaillaient en Chine. La même chose a été faite avec l’Albanie. En avril 1960, le PCC publia Vive le léninisme et deux autres articles confirmant les principes fondamentaux du léninisme sur l’impérialisme, la guerre et la paix, la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat. Ces articles s’opposaient aux positions révisionnistes du PCUS sans le nommer.

Cependant, les révisionnistes poursuivirent leurs efforts pour systématiser davantage leurs positions. Ainsi, lors du 22ème Congrès du PCUS tenu en 1961, le Programme adopté révisait l’essence du marxisme-léninisme, à savoir les enseignements sur la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat et le parti du prolétariat. Il déclarait que la dictature du prolétariat n’était plus nécessaire en Union soviétique et que la nature du PCUS comme avant-garde du prolétariat avait changé. Le Congrès avança les théories absurdes d’un « Etat du peuple tout entier » et d’un « parti du peuple tout entier ». Au congrès, Khrouchtchev lança une attaque publique et ouverte contre le parti albanais et appela même à renverser son chef, Enver Hoxha. Cela fut contesté par la délégation du PCC conduite par Zhou Enlai.

Khrouchtchev commença également à encourager d’autres partis communistes à lancer des attaques publiques contre le PCC. De nombreux articles en Union Soviétique attaquaient également la direction chinoise. Le PCC répondit finalement à certaines des attaques de Togliatti du parti italien, Thorez du parti français, Gus Hall du Parti Communiste des Etats-Unis et d’autres dans une série de sept articles sortis à la fin de 1962 et au début de 1963.

Un résumé des principaux points de vue du PCC fut déposé dans la célèbre lettre du 14 juin 1963, intitulée Proposition concernant la Ligne générale du Mouvement communiste international. Le PCUS y répondit par une lettre ouverte. Comme la question était maintenant publique, le PCC décida de mener le débat par la presse ouverte. Il publia neuf commentaires sur la lettre du PCUS et expliqua toutes ces questions devant les masses.

Cette lutte, qui fut dévoilée en 1963 et qui se poursuivit jusqu’en 1964, prit le nom du Grand Débat. Le grand débat eut une importance historique immense. Il s’agissait d’une lutte de principe et d’ensemble contre le révisionnisme moderne. Il fournit le point de ralliement pour toutes les forces révolutionnaires prolétariennes à travers le monde. Ce fut aussi un développement scientifique du marxisme-léninisme, qui donna au mouvement communiste international sa ligne générale révolutionnaire pour cette période. Mao et le PCC étaient la force motrice de cette lutte. C’est grâce au Grand Débat que Mao fit progresser la science du marxisme-léninisme en fournissant les réponses aux questions les plus importantes se présentant au prolétariat international – les contradictions fondamentales dans le monde, qui sont nos amis et nos ennemis, les objectifs du mouvement et la voie pour la victoire de la Révolution socialiste mondiale. Ces formulations étaient principalement contenues dans la lettre du 14 juin. Les neuf commentaires soulignèrent et développèrent la position révolutionnaire sur les différents problèmes cruciaux du mouvement communiste international après la Seconde Guerre mondiale : le néo-colonialisme, la guerre et la paix, la coexistence pacifique, la Yougoslavie, le révisionnisme de Khrouchtchev et les leçons historiques à en tirer. C’est grâce au grand débat que le maoïsme a été accepté davantage comme idéologie directrice des sections révolutionnaires du prolétariat international.