I. Le capitalisme et la nécessité de sa transformation

Année après année, les travailleurs voient leurs conquêtes sociales se faire tailler en pièces par la bourgeoisie. Ils doivent travailler plus pour moins ; leurs salaires se réduisent ; leurs conditions de travail et leur situation matérielle se dégradent… pour le plus grand profit d’une minorité privilégiée. Les perspectives d’avenir de leurs enfants s’assombrissent. Les inégalités sociales se creusent… Et la classe politique leur apparait de plus en plus comme un monde fermé participant à leur oppression. Cette évolution va se poursuivre sans discontinuer et à un rythme accéléré. En parallèle, le besoin de résister collectivement ne peut que grandir, toujours plus mordant. Les petits travailleurs seront de plus en plus à relever la tête et s’éveiller à la lutte.

À terme, où va-t-on comme cela ? Pour y répondre, il faut s’interroger sur la nature économique du système dans lequel on évolue.

Ce système, c’est le capitalisme. Il a pour moteur déterminant le profit qui provient de l’exploitation des ouvriers. Sa contradiction fondamentale est la suivante. D’un côté, la production est sociale (des milliers et des milliers d’ouvriers sont réunis dans un travail collectif coordonné et les entreprises sont de plus en plus interdépendantes, le travail social ne cesse de se spécialiser [1]). D’un autre côté, les moyens de production (terres, usines, matières premières, banques, moyens de transport et de communication…) appartiennent à un petit nombre d’individus – les capitalistes – qui s’approprient les marchandises produites collectivement par les ouvriers. C’est ainsi qu’une infime minorité de personnes rassemblent dans leurs mains des richesses toujours plus colossales et soumettent la production à la course au profit, à leurs besoins plutôt qu’à ceux de la société.

Cette contradiction fondamentale, qui est la substance même du capitalisme, se manifeste sous la forme de l’opposition inconciliable entre la classe ouvrière, qui incarne la production sociale, et la bourgeoisie, la classe capitaliste, qui personnifie l’appropriation capitaliste. Les ouvriers produisent la richesse sociale que la petite minorité de capitalistes s’approprient. La société repose sur la force de travail des ouvriers mais les capitalistes épuisent cette force qui n’est pour eux qu’une source de profits.

La contradiction fondamentale du système s’exprime également comme suit. D’un côté, chaque entreprise, menée à la baguette par son propriétaire, est organisée. D’un autre côté, la production dans l’ensemble de la société est anarchique (c’est-à-dire chaotique) : elle est éparpillée dans des entreprises individuelles, interdépendantes, qui sont gérées en fonction des intérêts de leurs propriétaires, conformément aux lois de la concurrence et du profit capitaliste.

Sous le capitalisme, il est inévitable que, de façon périodique, éclatent des crises économiques de surproduction au cours desquelles la misère, le chômage, les privations et les difficultés matérielles pour la population travailleuse explosent. Leur cause profonde, c’est la contradiction fondamentale du système. Expliquons-nous. Dans leur course au profit, les capitalistes ont tendance à élargir la production de façon anarchique ; ils perfectionnent la technique, ils ajoutent de nouvelles machines et lancent sur le marché des quantités énormes de marchandises. Mais en même temps, sous les rapports de production capitalistes la grande masse des travailleurs s’appauvrissent, d’où il résulte une réduction du pouvoir de consommation de la société. Ainsi se crée une surproduction de marchandises ne pouvant s’écouler. La crise qui survient exprime le conflit entre la croissance de la production et les limites étroites de la consommation des travailleurs. Il y a, d’un côté, trop de moyens de production et de produits et, de l’autre, trop d’ouvriers, des masses de chômeurs… Les ouvriers se retrouvent privés de moyens de subsistance… car trop de ces moyens ont été produits. Pour le dire autrement, la production sociale et les forces productives débordent le cadre des rapports de production capitalistes [2]. Chaque crise de surproduction révèle brutalement à quel point le capitalisme doit être dépassé pour que les forces productives puissent connaître un plein essor. Et les contradictions entre les ouvriers et les possédants s’aggravent, ce qui débouche sur une amplification des tensions et luttes sociales.

Les ouvriers, qui produisent les richesses sociales, ne peuvent être libres qu’en possédant les moyens de production. Or la socialisation toujours plus grande de la production mène immanquablement à la transformation des moyens de production en propriété de la société, autrement dit, à l’appropriation collective de ces moyens. Cette transformation nécessite l’expropriation de la classe capitaliste par l’action révolutionnaire de la classe ouvrière armée d’un parti communiste.

Résumons. L’expropriation de la poignée d’accapareurs et la transformation révolutionnaire de toute la société, voilà une nécessité engendrée par le développement même du capitalisme. La classe ouvrière, voilà l’agent de cette transformation, créé par le capitalisme moderne.

Jusqu’ici, on a parlé du capitalisme en général. Mais il n’est pas resté immobile au cours de son existence ; il a évolué. Au début, la libre concurrence prédominait. L’inégalité du développement des pays capitalistes s’exprimait de façon encore relativement régulière, lente et prolongée ; le capitalisme suivait un essor d’une relative uniformité. La contradiction fondamentale du système – entre la production sociale et l’appropriation capitaliste – n’avait pas encore atteint le stade culminant de son développement.

Fruit de l’évolution des lois fondamentales du capitalisme, celui-ci est entré, vers la fin du 19ème siècle et le début du 20ème, dans la phase suprême de son développement, l’impérialisme. Le trait économique majeur de l’impérialisme, c’est que le règne de la libre concurrence a cédé la place à celui des monopoles ; voilà pourquoi on peut dire que l’impérialisme est le capitalisme au stade monopoliste. Il s’agit bien là du résultat de l’action des lois économiques : passé un certain seuil, la concentration induite par la concurrence mène au monopole. On notera néanmoins que la concurrence n’est pas abolie par les monopoles : « […] les monopoles n’éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus ; ils existent au-dessus et à côté d’elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. » [3].

Les autres traits économiques fondamentaux de l’impérialisme sont les suivants :

  • le capital bancaire et le capital industriel ont fusionné pour former le « capital financier » et, sur cette base, une « oligarchie financière » ;
  • l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, a acquis une importance de premier plan ;
  • des unions internationales monopolistes, des monopoles internationaux, se partagent le marché mondial ;
  • les plus grandes puissances capitalistes se partagent le territoire du globe.

À l’ère de l’impérialisme, le développement capitaliste des différents pays devient extrêmement inégal. Il s’opère de façon saccadée, par bonds ; la course de vitesse entre les pays impérialistes est aussi effrénée qu’acharnée si bien que les contradictions entre eux sont accentuées. Il en résulte inévitablement des guerres impérialistes plus destructrices les unes que les autres. Ces considérations trouvent une illustration actuelle dans l’aggravation des tensions entre les États-Unis et la Chine, deux puissances impérialistes majeures en concurrence.

Sous l’impérialisme, la contradiction fondamentale du capitalisme est portée à son apogée et se trouve continuellement exacerbée ; il en résulte que les crises économiques sont plus dévastatrices que jamais. D’une part, sous le règne des gigantesques monopoles, la socialisation de la production est plus poussée que jamais. À cet égard, on peut penser par exemple à Amazon, cette immense entreprise qui synchronise le travail de pas moins de 800.000 salariés pour livrer des colis aux quatre coins du monde. L’impérialisme mène en fait au seuil de la socialisation intégrale de la production ; il crée toutes les conditions matérielles pour franchir ce seuil. Mais d’autre part, les fruits de la socialisation sont appropriés et empochés par une poignée de capitalistes monopolistes qui dominent, exploitent et oppriment toujours plus les masses. Dans le cas d’Amazon, son propriétaire, Jeff Bezos (homme le plus riche du monde), tire sa fortune astronomique du labeur de ses centaines de milliers de salariés qu’il fait travailler pour de maigres salaires, dans des conditions pénibles, sous un contrôle étouffant…

Le conflit entre les forces productives, qui ne demandent que la socialisation complète, et les rapports de production capitalistes, qui empêchent cette socialisation, est donc porté à son paroxysme, si bien qu’immanquablement, le capitalisme, aussi longtemps qu’il continue d’exister, se met à se décomposer, à pourrir, à agoniser (étant entendu qu’il ne mourra pas tout seul). De manière plus générale, sous l’impérialisme, ce sont toutes les contradictions (économiques, politiques, de classe, nationales…) du système qui sont aggravées, et en particulier la contradiction entre la classe ouvrière et la bourgeoisie. L’exploitation des ouvriers devient telle que ceux-ci ne peuvent qu’être de plus en plus nombreux à refuser le statu quo et à se lever pour combattre. Ainsi, plus que jamais se ressent la nécessité de détruire le système pour permettre à la société de se développer. En synthèse, à son stade impérialiste, le capitalisme voit sa base de plus en plus ébranlée ; il se trouve à la veille de son renversement et de son dépassement.

[1] C’est-à-dire qu’il y a de moins en moins de capitalistes dans chaque branche d’industrie et de plus en plus de branches spécifiques d’industrie.

[2] Les forces productives de la société, ce sont les instruments de production ainsi que les hommes maniant ces instruments et produisant les biens matériels, grâce à une certaine expérience de la production et à des habitudes de travail. La principale force productive, ce sont les hommes et, sous le régime capitaliste, les ouvriers. Dans la production, les hommes entrent en des rapports les uns avec les autres ; ce sont les rapports de production dont le caractère est déterminé par celui de la propriété des moyens de production. Les forces productives et les rapports de production forment le mode de production. Ces deux éléments exercent une action réciproque. Le développement des forces productives est à la base de celui du mode de production. Les forces productives sont la base sur laquelle apparaissent des rapports de production déterminés. Ainsi, à un niveau déterminé de développement des forces productives correspondent des rapports de production déterminés. De manière générale, les forces productives sont l’élément déterminant, le plus mobile et le plus révolutionnaire du mode de production. Mais les rapports de production n’ont pas un rôle passif. Ils agissent sur la progression des forces productives. À un certain stade de leur développement, les forces productives devancent les rapports de production et entrent en conflit avec eux. Le plein essor des forces productives est entravé par les rapports de production et en nécessite de nouveaux. La modification des rapports de production joue alors le rôle principal, déterminant ; les nouveaux rapports de production deviennent l’élément principal du progrès de la production. Actuellement, le développement des forces productives est entravé par les étroits rapports de production capitalistes.

[3] Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1917.

De plus en plus écrasés par le système, les travailleurs ont de moins en moins à perdre. Le besoin de résister collectivement ne peut que grandir, toujours plus mordant. Où cela nous mène-t-il ? Pour y répondre, il faut examiner la nature économique du système dans lequel on évolue.

Ce système, c’est le capitalisme. Il a pour moteur déterminant le profit qui provient de l’exploitation des ouvriers. Sa contradiction fondamentale est la suivante. D’un côté, la production est toujours plus socialisée (des milliers et des milliers d’ouvriers sont groupés dans un travail collectif coordonnée et les différentes entreprises sont de plus en plus liées et interdépendantes). D’un autre côté, les moyens de production (terres, usines, matières premières, banques, moyens de transport et de communication…) sont la propriété d’un petit nombre d’individus – les capitalistes – qui s’approprient les marchandises produites collectivement par les ouvriers. C’est ainsi qu’une infime minorité de personnes rassemblent dans leurs mains des richesses toujours plus colossales et soumettent la production à la course au profit, à leurs besoins plutôt qu’à ceux de la société.

À l’échelle de la société, la production est anarchique, chaotique, puisque chaque capitaliste gère son ou ses entreprise(s) en fonction de ses propres intérêts, conformément aux lois de la concurrence et du profit.

De grandes crises économiques éclatent périodiquement, avec leur lot de misère et de chômage pour les travailleurs. Dans leur course au profit, les capitalistes cherchent à élargir toujours plus la production. Mais en même temps, ils appauvrissent les travailleurs, d’où il résulte une réduction du pouvoir de consommation de la société. Ainsi se crée une surproduction de marchandises ne pouvant s’écouler. Chaque crise de surproduction révèle brutalement à quel point le capitalisme doit être dépassé. Et les tensions sociales entre les ouvriers et les possédants s’aggravent, ce qui débouche sur une amplification des luttes.

Pour être vraiment libres, les ouvriers, qui produisent les richesses sociales, doivent posséder les moyens de production. Or la socialisation grandissante de la production mène à la transformation des moyens de production en propriété de la société. Cette transformation nécessite l’expropriation des capitalistes par l’action révolutionnaire des ouvriers armés d’un parti communiste.

Jusqu’ici, on a parlé du capitalisme en général. Mais il a évolué au cours de son existence. Aujourd’hui, il a atteint son stade suprême de développement nommé « impérialisme ».

Sous l’impérialisme, le règne de la libre concurrence a cédé la place à celui des monopoles. Une oligarchie financière domine la société ; des monopoles internationaux se partagent le marché mondial, les plus grandes puissances capitalistes se partagent le territoire du globe. Le développement capitaliste des différents pays devient très inégal et saccadé ; la course de vitesse est effrénée et acharnée. Il en découle inévitablement des guerres dévastatrices.

À l’ère de l’impérialisme, la contradiction fondamentale du système est portée à son point culminant et s’aggrave continuellement. La production n’a jamais été aussi socialisée. Mais la poignée de grands capitalistes opprime toujours plus les masses. Et les crises économiques sont plus violentes et profondes les unes que les autres. Plus que jamais se ressent la nécessité de détruire le système pour permettre à la société de se développer. De manière plus générale, ce sont toutes les contradictions du système qui sont aggravées, en particulier celle entre les ouvriers et les bourgeois.

En résumé, l’impérialisme, c’est le capitalisme à la veille de son dépassement ; c’est le capitalisme dont l’heure est venue et qui, aussi longtemps qu’il continue d’exister, pourrit, se décompose, agonise. Mais il ne mourra pas seul…

II. Une rupture pacifique avec le système est-elle possible ?

Nous serions les derniers à nous en plaindre. Mais il nous faut répondre par la négative. Pourquoi ?

La violence, ce n’est pas nous qui la voulons ; elle provient du système lui-même. Cette violence, les masses de la population laborieuse et pauvre la ressentent quotidiennement… Et quand elles osent relever la tête pour défendre leur chair, la répression de l’État s’abat sur elles sans pitié.

Du reste, une révolution ne se décide pas arbitrairement ; elle découle de processus sociaux profonds, indépendants de la volonté des partis et même des classes sociales.

Ainsi donc, la rupture avec la domination capitaliste, avec l’ordre bourgeois, sera violente.

Pour autant que de besoin, ajoutons que la rupture avec le capitalisme impliquera bien sûr la sortie – révolutionnaire – de cette alliance impérialiste qu’est l’Union européenne, si d’ici là elle n’a pas implosé sous le coup de ses contradictions.

La violence, ce n’est pas nous qui la voulons ; elle provient du système lui-même. Cette violence, les masses de la population laborieuse et pauvre la ressentent quotidiennement. Et quand elles osent relever la tête et résister, la répression de l’État s’abat sur elles sans pitié. Voilà pourquoi il ne faut pas se leurrer : changer le système passera par la lutte révolutionnaire des ouvriers.

III. Lutter pour des réformes améliorant la situation des travailleurs dans le cadre du capitalisme ?

La réponse est oui mais il nous faut fournir quelques explications.

Des réformes peuvent permettre d’améliorer la situation immédiate des travailleurs mais non d’abolir l’oppression du capital. Nous ne les considérons pas comme une fin en soi mais essentiellement comme un produit subsidiaire de la lutte de classe, lutte qui s’attaque à toute la bourgeoisie, à tout l’ordre capitaliste. En effet, sous le capitalisme, les réformes ne sont jamais offertes gracieusement aux ouvriers ; elles leur sont hypocritement lâchées, concédées, pour calmer leur lutte, pour empêcher que celle-ci n’aille plus loin. Leur ampleur dépend donc de l’intensité du combat ; seule la lutte de classe révolutionnaire – massive, implacable et indépendante – peut déboucher sur de véritables réformes plutôt que sur des broutilles. Du reste, les conquêtes ouvrières ne sont jamais acquises et sont toujours partielles ; ce que le capital cède d’une main, il s’attache à le récupérer de l’autre main, à s’en servir pour diviser les ouvriers…

On ajoutera deux points.

Premièrement, énoncer des revendications immédiates sérieuses joue un rôle mobilisateur et agitateur auprès des masses. À cet égard, il importe pour les révolutionnaires de mener une politique et une tactique indépendantes des organisations réformistes.

Ensuite, il faut utiliser les mouvements spontanés et conséquents autour de revendications partielles comme leviers pour renforcer réellement l’action, la conscience et l’organisation politiques de la classe ouvrière, pour développer la lutte révolutionnaire.

Oui. On ne changera pas le système à coups de réformes mais elles peuvent améliorer la situation immédiate des travailleurs. Nous ne les voyons pas comme une fin en soi mais comme un produit secondaire de la lutte de classe révolutionnaire. Seule une telle lutte peut déboucher sur de réelles réformes ; celles-ci sont hypocritement lâchées pour empêcher que la lutte n’aille plus loin. Du reste, les conquêtes ouvrières ne sont jamais acquises et sont toujours partielles.

IV. Quelques-unes de nos revendications immédiates
  • La semaine de 32 heures sans perte de salaire.
  • Égalité de salaire à travail égal pour les hommes et les femmes.
  • Interdiction légale au patronat de faire travailler des salariés étrangers pour une rémunération et à des conditions de travail inférieures à celles des salariés autochtones.
  • Régularisation des sans-papiers, dont une large part d’entre eux est exploitée sans merci par le patronat.
  • Abolition de la loi de 1996 sur la compétitivité des entreprises qui vise à restreindre les évolutions salariales favorables aux travailleurs.
  • Augmentation du salaire minimum à 14 € de l’heure (2.300 € bruts par mois) avec liaison automatique au coût de la vie.
  • Stop à la chasse aux allocataires sociaux ; individualisation du droit aux allocations sociales ; suppression de la dégressivité des allocations de chômage ; suppression des mesures de réintégration des malades de longue durée, qui facilitent les licenciements.
  • Véritable indexation automatique des salaires – dans tous les secteurs – et des allocations sociales sur le coût de la vie.
  • Pension à 60 ans ou au terme de 40 ans de carrière, augmentation du montant net de la pension minimum à 1.600 € nets par mois ; établissement d’un cadre ouvrant à la retraite anticipée pour les travailleurs exerçant un métier lourd ou pénible.
  • Suppression des réglementations s’attaquant aux moyens d’action et d’organisation des travailleurs (comme par exemple la loi de 2017 limitant le droit de grève des cheminots).
  • Harmonisation vers le haut des statuts ouvrier/employé.
  • Octroi du statut de salarié aux travailleurs de plateformes telles qu’Uber, Deliveroo…
  • Stop au démantèlement de la sécurité sociale et aux cadeaux offerts au patronat au niveau du financement ; élévation des « cotisations patronales » avec progressivité en fonction de la taille des entreprises, sans que ce soit répercuté sur le salaire net des travailleurs.
  • Refédéralisation des compétences clés qui ont été transférées aux entités fédérées, en particulier en matière de sécurité sociale ; prépondérance du niveau fédéral [1].
  • Suppression de tout impôt indirect sur les produits de première nécessité (dont l’énergie).

[1] N.B. : nous nous attacherons à mener la critique du système fédéral et la propagande en faveur d’une Belgique unitaire.

V. Les forces sociales en présence

Ceux qui sont capables de diriger la lutte pour l’affranchissement de tous les opprimés, ce sont les ouvriers industriels – spécialement les ouvriers d’usines qui en constituent le premier rang.

La classe sociale qu’ils forment, le prolétariat industriel moderne, fut engendrée par le développement de la grande industrie capitaliste qui renferme la « quintessence des rapports sociaux contemporains » [1].

Les conditions économiques d’existence de cette classe la trempent et la préparent au renversement révolutionnaire de l’ordre capitaliste. Elle est concentrée, unie, organisée, disciplinée et éduquée par le grand capitalisme. En raison de son rôle dans la grande production, les nerfs de l’économie reposent sur elle ; elle occupe une place stratégique face à la classe dominante.

Voilà pourquoi le prolétariat industriel est la classe, la force sociale, la plus révolutionnaire, la plus progressiste et avancée. Il est l’avant-garde de l’ensemble des travailleurs opprimés dont il représente les intérêts véritables. Lui seul peut rallier les forces mécontentes du capitalisme et, en résistant aux hésitations, aux traditions, etc., les guider dans la lutte pour la transformation révolutionnaire de la société. En résumé, le prolétariat porte l’avenir [2][3].

Les chiffres qui suivent donneront au lecteur une idée de ce que représente aujourd’hui quantitativement le prolétariat industriel en Belgique.

La seule industrie de transformation employait, en 2019, 462.900 salariés (ouvriers et employés confondus), soit près de 16% de l’ensemble des salariés de l’économie marchande non financière [4] (2.882.100), 11,3 % de tous les salariés (4.074.800 effectifs au total) et 9,5% de tous les actifs (4.893.800) [5]. À l’échelle de la Wallonie, on en comptait 122.463 en 2018, soit près de 11,6% de tous les salariés (1.053.909) et 9,55% de tous les actifs (1.281.208) de la région.

Entre 2015 à 2019, le nombre de salariés dans l’industrie manufacturière à l’échelle du pays a connu une légère augmentation : 455.800 en 2015, 454.500 en 2016, 456.300 en 2017 et 459.200 en 2018. En revanche la proportion par rapport à l’ensemble des salariés et actifs a quelque peu diminué : respectivement 11,8% et 9,9% en 2015, 11,6% et 9,7% en 2016, 11,5% et 9,6% en 2017, 11,4% et 9,5% en 2018.

Le secteur de l’alimentation, des boissons et produits de base de tabac est le plus gros employeur de l’industrie manufacturière avec 95.200 salariés en 2019 (5.800 de plus qu’en 2015). Viennent ensuite la fabrication de produits métalliques (sans compter les machines et équipements) (49.000), l’industrie chimique (43.400), l’industrie automobile (30.900), la fabrication de machines et équipements (30.000), l’industrie pharmaceutique (27.800), la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (26.300) [6], la métallurgie (25.600), la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique (25.000), le textile, l’habillement, le cuir et la chaussure (19.400) [7]

Certes, en raison de différents facteurs économiques que nous ne développerons pas ici (concurrence internationale, délocalisations, haute productivité et croissance de la composition organique du capital [8]…), l’emploi dans l’industrie de transformation s’est amaigri ces dernières décennies. Mais ce constat doit être relativisé.

D’abord, on vient de le voir, il représente malgré tout une part conséquente de tout l’emploi salarié dans le pays.

Ensuite, les ouvriers d’usines ont une force sociale dépassant largement leur nombre pour les raisons – essentiellement économiques – faisant d’eux le premier rang de tous les travailleurs.

Du reste, l’industrie demeure très concentrée, plus que n’importe quel autre secteur. Pour se le figurer, on relèvera qu’en 2018, près de 53% des salariés de l’industrie manufacturière étaient occupés dans les entreprises de plus de 250 travailleurs (au nombre de 324) ; 24% dans les entreprises de 50 à 249 travailleurs (1.086) ; 10% dans les entreprises de 20 à 49 travailleurs (1.734) ; 5,2 % dans les entreprises de 10 à 19 travailleurs (2.032) ; 5,7% dans les entreprises de 0 à 9 travailleurs (27.047). Alors que le secteur représentait seulement 5% des entreprises de l’économie marchande non financière – ce qui faisait de lui le plus petit secteur en nombre d’entreprises – il employait près de 16 % des salariés [9]. Par comparaison, le commerce pesait 22% des entreprises de l’économie marchande non financière alors qu’il employait 17,5% des salariés [10].

Ajoutons que, globalement, la classe ouvrière de notre pays – très développé économiquement – dispose d’un bagage culturel relativement important, ce qui lui procure un atout qualitatif non négligeable.

Enfin, outre les ouvriers de l’industrie de transformation, il y a les autres couches de prolétaires industriels [11], notamment des transports [12].

Poursuivons l’analyse. Il n’y a pas, d’un côté, les ouvriers industriels « pur jus », de l’autre, les bourgeois, et rien entre les deux ; il existe diverses catégories sociales intermédiaires avec différents types sociaux marquant la transition entre ces catégories.

Le prolétariat industriel n’est qu’une partie – la partie d’avant-garde – de la population laborieuse et opprimée. Autour de lui, des masses de travailleurs – prolétaires et ceux que l’on qualifiera de “semi-prolétaires” – sont écrasés par la bourgeoisie. Ces travailleurs ne sont pas voués à l’immobilisme et à l’impuissance mais ils ont besoin du prolétariat industriel comme leader. Celui-ci doit les rallier à sa cause, en mener toujours plus à appuyer et prendre part à la lutte contre le capital. Autrement dit, sur le chemin de la lutte, ces travailleurs trouveront dans les ouvriers industriels leurs meilleurs alliés et guides.

Le gros de la masse – numériquement très importante – des semi-prolétaires est constitué de petits employés. On ajoutera entre autres les petits artisans et petits paysans pauvres ou en situation précaire ayant souvent recours au travail salarié sur le côté pour subvenir à leurs besoins. Engagés dans une exploitation très voire extrêmement réduite, ils n’exploitent pas de main-d’œuvre salariée ; les paysans en particulier ne possèdent la plupart du temps pas la terre qu’ils travaillent. Ils vivent dans des conditions économiques pénibles, écrasés par le poids de la concurrence avec les grosses structures capitalistes.

Ces semi-prolétaires ne sont pas employés dans la grande production ; ils n’ont donc pas la place stratégique occupée par les ouvriers industriels. Ils ne sont pas aussi concentrés, unis, organisés et instruits de leurs intérêts ; ils ont moins de force de frappe, sont plus fragmentés et plus sujets aux hésitations. C’est pourquoi ils n’ont pas la capacité de mener une lutte indépendante pour leur émancipation et nécessitent la direction de la classe ouvrière. On comprend pourquoi il est absurde de considérer que le prolétariat englobe « tous les travailleurs », « tous les salariés ».

Néanmoins, leurs conditions économiques les rapprochent à divers égards des ouvriers industriels. Ils subissent et ressentent directement l’oppression sociale. Leur situation matérielle ainsi que leurs conditions de travail se détériorent et se précarisent. Baisse du pouvoir d’achat, endettement, menaces de licenciements, démolition des conquêtes sociales, travail éreintant et abrutissant, pertes de qualifications… autant d’aspects réels marquant la vie de ces travailleurs. Pour la plupart, ils n’ont rien d’autre à vendre que leur force de travail [13] et accomplissent quotidiennement du travail en partie non payé [14] pour un patron auquel ils sont subordonnés et directement confrontés. En fait, ils sont nombreux, non organisés, atomisés, dépourvus de relai syndical et à la merci de leur patron, à même être davantage écrasés que les ouvriers industriels. En bref, se rallier à la lutte de la classe ouvrière est dans leur intérêt direct.

Soit dit en passant, cette masse de travailleurs n’est pas homogène. Elle renferme diverses catégories de travailleurs. En fonction notamment de leurs conditions économiques, de leur degré de concentration et de leur proximité avec l’industrie, l’évolution de leur niveau d’éveil, d’organisation et de combativité varie [15].

Outre le semi-prolétariat des villes et des campagnes, on mentionnera le prolétariat agricole, classe formée d’ouvriers vivant d’un travail salarié dans des entreprises agricoles capitalistes. Ces ouvriers ruraux sont morcelés et relativement peu nombreux [16]. Ils sont lourdement exploités, ont un piètre niveau de vie et sont confrontés à une grande précarité d’emploi. Le prolétariat industriel peut et doit les gagner à sa cause.

Notons que les chômeurs, les sans-emploi, qui forment une « armée de réserve » de travailleurs, sont également des alliés de la classe ouvrière représentant leurs intérêts.

Il nous faut aussi parler de la « petite bourgeoisie », relativement nombreuse dans notre pays. Il s’agit d’une classe sociale intermédiaire, marquée par les hésitations et l’instabilité : elle oscille entre la classe ouvrière et la bourgeoisie ; entre la condition et l’esprit du travailleur, d’une part, et la condition et l’esprit du propriétaire, d’autre part. À nouveau, cette catégorie n’est pas homogène ; elle comprend différentes couches sociales.

Traditionnellement, on inclut, pour l’essentiel les paysans moyens [17] et les propriétaires d’entreprises artisanales, qui sont engagés dans la petite exploitation, les petits patrons, les petits commerçants, les petits titulaires de professions libérales… Ces petits-bourgeois possèdent des moyens de production ou un capital propre. L’ampleur de ceux-ci est variable mais limitée. Certains ne vivent que de leur travail tandis que d’autres, des couches moyennes et supérieures, peuvent avoir une main-d’œuvre salariée (quoique relativement limitée).

Il y a par ailleurs, parmi la petite bourgeoisie, des couches salariées, dont l’apparition répondit aux besoins du capitalisme moderne. On pense principalement aux intellectuels salariés moyens, aux cadres moyens, aux petits fonctionnaires travaillant dans l’administration, etc. Leur inclusion dans la petite bourgeoisie s’explique, de manière générale, par leur fonction sociale dans le système ainsi que par leurs conditions économiques (situation financière, conditions de travail…).

Parmi les couches inférieures de la petite bourgeoisie, nombreux sont les éléments qui, précarisés, appauvris…, tendent à se rapprocher socio-économiquement des prolétaires et semi-prolétaires ou à tomber dedans. On peut par exemple penser à ceux qui, accumulant les dettes, se débattent dans le jeu de la concurrence face au grand capital et, progressivement, périclitent… Ou encore à ces intellectuels salariés dont les conditions, au fil des années et des politiques bourgeoises successives, se dégradent et se précarisent.

Dans le cours du mouvement social, des éléments petits-bourgeois, surtout issus des couches inférieures, sont entraînés dans le sillage de la classe ouvrière et peuvent lui apporter un certain soutien. Néanmoins, en tant que classe, la petite bourgeoisie, isolée, dispersée et fractionnée par le capital, est incapable d’une lutte indépendante et est principalement marquée par l’instabilité et les hésitations.

Avant d’en terminer, deux remarques s’imposent pour affiner le tableau.

La première, c’est que certains types de petits travailleurs se retrouvent, du fait de conditions économiques déterminées, à la croisée entre le semi-prolétariat et la petite bourgeoisie. Pour rappel, il existe une variété de types sociaux marquant la transition entre les catégories sociales. Nous ne nous y arrêterons pas ici.

Seconde remarque : un bien-être petit-bourgeois relatif s’observe parmi les couches supérieures de la classe ouvrière et des petits salariés. Celui-ci trouve sa base dans :

  • les privilèges de l’impérialisme (qui tire des surprofits de l’exploitation et du pillage de ses zones d’influence aux quatre coins du monde) ;
  • les concessions que l’impérialisme a pu et dû faire durant le 20ème siècle, dans des conditions et un rapport des forces déterminés ; ces concessions ont permis de créer une paix sociale de façade et de retarder artificiellement le mouvement révolutionnaire. Ce point sera développé dans une section à part que nous intégrerons au présent texte.

Mais à l’heure actuelle, les conditions des masses et ce bien-être relatif sont vigoureusement taillés en pièces par la bourgeoisie qui, dans un contexte de crise économique et s’appuyant sur un rapport de forces assez favorable, mène l’assaut.

Concluons. S’alliant aux larges masses de travailleurs semi-prolétariens, se plaçant à la tête de tous les travailleurs opprimés, la classe ouvrière doit neutraliser, paralyser, l’instabilité de la petite bourgeoise et briser la bourgeoisie.

[1] Lénine, Le développement du capitalisme en Russie

[2] Lire notamment : Lénine, Le développement du capitalisme en Russie, « Première ébauche des thèses sur la question agraire » et La grande initiative. Dans ce dernier ouvrage, Lénine explique entre autres choses que la capacité de diriger la lutte pour la construction de la société communiste « ne vient pas d’elle-même ; elle surgit historiquement et elle surgit uniquement des conditions matérielles de la grande production capitaliste. Au commencement de la route qui mène du capitalisme au socialisme, seul le prolétariat [et non « tous les ‘travailleurs’ »] possède cette capacité. »

[3] N.B. : Lorsque nous employons les termes « prolétariat » et « classe ouvrière », nous visons le prolétariat industriel, cette classe d’avant-garde.

[4] C’est-à-dire n’incluant pas les services financiers.

[5] Chiffres de la BNB.

[6] Englobant la fabrication de verre et d’articles de verre, la fabrication de matériaux de construction en terre cuite et d’autres produits en céramique et en porcelaine, la fabrication de ciment, de chaux et de plâtre…

[7] N.B. : il ne serait pas incohérent de scinder certaines catégories utilisées dans les statistiques en secteurs à part. Mais ici, il s’agit plus de donner au lecteur une vue d’ensemble des effectifs salariés dans les grandes catégories de l’industrie de transformation.

[8] Cela signifie qu’avec l’augmentation du nombre de machines et de la quantité de matières premières, le capitaliste dépense plus pour le capital constant (c’est-à-dire la partie du capital dépensée pour l’achat des moyens de production), relativement à ce qu’il dépense pour le capital variable (à savoir la partie du capital déboursée pour l’achat de la force de travail).

[9] Données de Statbel ; publication d’octobre 2020 ; « Statistiques structurelles sur les entreprises 2018 ».

[10] N.B. : Les statistiques de la BNB regroupent le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles.

[11] Le degré de concentration des ouvriers varie en fonction des branches d’industrie, des secteurs. Les branches, les secteurs, les plus concentrés sont les plus porteurs sur le plan de l’organisation, de l’éveil…

[12] Lire ce que Marx écrivait à propos de l’industrie des transports : Le Capital, Livre 2, Éditions du progrès, Moscou, 1983, pp. 58 à 61.

[13] Par force de travail, « il faut comprendre l’ensemble des facultés physiques et intellectuelles qui existent sous le corps d’un homme dans sa personnalité vivante, et qu’il doit mettre en mouvement pour produire des choses utiles. » (K. Marx, Le Capital).

[14] Leur force de travail est une marchandise achetée par le patron à sa valeur. La valeur de toute marchandise est déterminée par le temps de travail nécessaire à sa production. Celle de la force de travail en particulier l’est donc par le temps de travail nécessaire à la production des moyens de substance du travailleur et de sa famille.
La force de travail, c’est-à-dire la faculté de travailler, doit être distinguée du travail, qui est la force de travail mise en mouvement. Marx explique que « La valeur de la force de travail est déterminée par la quantité de travail nécessaire à son entretien ou à sa reproduction, mais l’usage de cette force de travail n’est limité que par l’énergie agissante et la force physique de l’ouvrier. La valeur journalière ou hebdomadaire de la force de travail est tout à fait différente de l’exercice journalier ou hebdomadaire de cette force, tout comme la nourriture dont un cheval a besoin et le temps qu’il peut porter son cavalier sont deux choses tout à fait distinctes. La quantité de travail qui limite la valeur de la force de travail de l’ouvrier ne constitue en aucun cas la limite de la quantité de travail que peut exécuter sa force de travail. » (K. Marx, Salaire, prix et profit). En résumé, le salarié travaille plus de temps qu’il n’en faut pour la production de sa force de travail. Une partie de son travail n’est pas payé.

[16] Engels écrivait que « le niveau de culture des différents travailleurs est en relation directe avec leurs rapports avec l’industrie » (La situation de la classe laborieuse en Angleterre).

[16] Les chiffres suivants permettront de s’en donner une idée. De manière générale, selon les données fournies par Statbel, la main-d’œuvre employée dans l’agriculture de notre pays est passée de 185.134 personnes en 1980 à 70.993 en 2016. Mais la main-d’œuvre non familiale a elle augmenté ; elle comptait 7.139 personnes en 1980 et 19.802 en 2016.
Les statistiques de la BNB affichent près de 25.000 salariés pour la catégorie « Culture et production animale, chasse et services annexes ».

[17] En Belgique, si le nombre d’exploitations agricoles diminue d’année en année (en 1980, il y en avait 113.883 et, en 2017, 35.910), la superficie totale de toutes les exploitations baisse bien moins vite (1980 : 1.418.121 ; 2017 : 1.329.153). En fait, les exploitations se concentrent de plus en plus à travers la concurrence, au bénéficie des plus gros paysans capitalistes et au détriment des plus petits et des moyens paysans. Quelques chiffres permettront de concrétiser le propos. En Wallonie, de 1980 à 2017, la superficie moyenne des exploitations est passée de 20,7 ha à 56,6 ha. Le nombre d’animaux élevés a également augmenté. (« Chiffres clés de l’agriculture. L’agriculture belge en chiffres. », Statbel, 2018, pp. 10 et s.).
Comme déjà relevé dans le corps du texte, la main-d’œuvre employée, quant à elle, a connu une diminution depuis 1980, passant de 185.134 personnes à 70.993 en 2016. Toutefois, la main-d’œuvre non familiale a augmenté (elle comptait 7.139 personnes en 1980 et 19.802 en 2016) en sorte que le pourcentage de la main-d’œuvre non familiale par rapport à la main-d’œuvre totale est passé de 3,9% en 1980 à 27,9% en 2016.
Enfin, le nombre de tracteurs agricoles employés a, en parallèle, considérablement augmenté depuis 1980, passant de 114.517 unités à, en 2017, 189.938 unités.

Ceux qui sont capables de diriger la lutte pour la libération de tous les opprimés, ce sont les ouvriers industriels – spécialement les ouvriers d’usines qui en constituent le premier rang.

La classe sociale qu’ils forment, le prolétariat industriel moderne, fut engendrée par le développement de la grande industrie capitaliste qui renferme la « quintessence des rapports sociaux contemporains » [1].

Les conditions économiques d’existence de la classe ouvrière la préparent au renversement révolutionnaire du capitalisme. Elle est concentrée, unie, organisée, disciplinée et éduquée par le grand capitalisme. En raison de son rôle dans la grande production, les nerfs de l’économie reposent sur elle ; elle occupe une place stratégique face à la classe dominante.

Voilà pourquoi le prolétariat industriel est la classe, la force sociale, la plus révolutionnaire, la plus progressiste et avancée. Il est l’avant-garde de l’ensemble des travailleurs opprimés dont il représente les intérêts véritables. Lui seul peut rallier les forces mécontentes du capitalisme et les guider dans la lutte révolutionnaire. En résumé, le prolétariat porte l’avenir [2].

Le prolétariat n’est qu’une partie – la partie d’avant-garde – de la population laborieuse et opprimée. Autour de lui, des masses de travailleurs sont écrasés par la bourgeoisie. Ces travailleurs, ne sont pas voués à l’immobilisme et à l’impuissance mais ils ont besoin du prolétariat comme leader.

Cette masse de travailleurs opprimés – numériquement très importante – est principalement composée de ceux qu’on qualifiera de « semi-prolétaires ». Le gros de ces semi-prolétaires est constitué de petits employés. On ajoutera entre autres les petits artisans et petits paysans pauvres ou en situation précaire ayant souvent recours au travail salarié sur le côté pour subvenir à leurs besoins.

Outre le semi-prolétariat des villes et des campagnes, on mentionnera le prolétariat agricole, classe formée d’ouvriers vivant d’un travail salarié dans des entreprises agricoles capitalistes. Ces ouvriers ruraux sont morcelés et relativement peu nombreux. Le prolétariat industriel peut et doit les gagner à sa cause.

Notons que les chômeurs, les sans-emploi, qui forment une « armée de réserve » de travailleurs, sont également des alliés de la classe ouvrière représentant leurs intérêts.

Il faut aussi parler de la « petite bourgeoisie », relativement nombreuse dans notre pays. Il s’agit d’une classe sociale intermédiaire, marquée par les hésitations et l’instabilité ; elle oscille entre la classe ouvrière et la bourgeoisie ; entre la condition et l’esprit du travailleur, d’une part, et la condition et l’esprit du propriétaire, d’autre part. Traditionnellement, on inclut, pour l’essentiel les paysans moyens et les propriétaires d’entreprises artisanales, qui sont engagés dans la petite exploitation, les petits patrons, les petits commerçants, la plupart des praticiens des professions libérales… Il y a par ailleurs, parmi la petite bourgeoisie, des couches salariées, dont l’apparition répondit aux besoins du capitalisme moderne. On pense principalement aux intellectuels salariés moyens, aux cadres moyens, aux petits fonctionnaires travaillant dans l’administration, etc.

En tant que classe, la petite bourgeoisie, isolée, dispersée et fractionnée par le capital, est incapable d’une lutte indépendante et est marquée principalement par l’instabilité et les hésitations.

Pour conclure, s’alliant aux larges masses de travailleurs semi-prolétariens, se plaçant à la tête de tous les travailleurs opprimés, la classe ouvrière doit neutraliser, paralyser, l’instabilité de la petite bourgeoise et briser la bourgeoisie.

[1] Lénine, Le développement du capitalisme en Russie.

[2] N.B. : Lorsque nous employons les termes « prolétariat » et « classe ouvrière », nous visons le prolétariat industriel, cette classe d’avant-garde.

VI. La classe ouvrière a besoin d’un parti communiste

Pour devenir une force révolutionnaire active, la classe ouvrière a besoin d’un parti communiste qui, doté d’une indépendance de classe et armé d’une théorie d’avant-garde, développe sa conscience de classe révolutionnaire, la guide et transforme ses luttes spontanées en une lutte consciente, c’est-à-dire en une lutte pas seulement dirigée contre tels patrons, contre tel gouvernement, mais contre toute la bourgeoisie, contre tout l’ordre politique et social. Sans un pareil parti à leur tête, les ouvriers se retrouvent désarmés, dépourvus de direction et de stratégie révolutionnaire, face à un ennemi de classe ultrapuissant.

Le parti communiste doit grouper, éveiller et organiser l’avant-garde des ouvriers et des masses laborieuses. Cette avant-garde n’est qu’une petite partie de la classe ouvrière, qui n’est elle-même qu’une fraction des masses opprimées, mais organisée politiquement, elle est la seule capable de résister jusqu’au bout aux hésitations, aux chancellements et de conscientiser, organiser les ouvriers et tous les opprimés.

Ainsi, la tâche prioritaire du parti communiste est de gagner les ouvriers et travailleurs avancés, d’avant-garde. Pour ce faire, la lutte et la victoire idéologique et politique contre le réformisme, l’opportunisme, est nécessaire. Le parti a également pour mission d’instruire et organiser les larges masses d’ouvriers et opprimés (semi-prolétaires, ouvriers agricoles, chômeurs, pauvres…). Et le parti ne doit pas s’abaisser au niveau de ces masses ; il doit au contraire les élever, sans s’en détacher (ce qui nécessite du flair politique, de la souplesse), au niveau, au point de vue du prolétariat révolutionnaire.

Pour devenir une force révolutionnaire active, la classe ouvrière a besoin d’un parti communiste indépendant qui, armé d’une théorie d’avant-garde, développe sa conscience politique et la guide dans la lutte. Sans un tel parti à leur tête, les ouvriers se retrouvent désarmés, dépourvus de direction et de stratégie révolutionnaire, face à un ennemi de classe ultrapuissant.

VII. Le combat contre le capitalisme : un combat international

Sous le slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », Marx et Engels ont mis en lumière le fait que les ouvriers de tous les pays ont les mêmes intérêts et doivent tous se libérer de l’oppression capitaliste.

La classe ouvrière de notre pays doit combattre pour son affranchissement et compter à titre principal sur sa lutte. Mais on ne peut envisager celle-ci de manière isolée, enfermée dans les frontières de notre pays, indépendante de la lutte des opprimés des autres pays. L’ennemi, c’est la classe dominante chez nous mais aussi les exploiteurs de tous les pays. Ce qu’il faut abattre, c’est le capitalisme en Belgique et partout dans le monde.

Ainsi, il faut s’attacher à construire, chez nous, un mouvement ouvrier révolutionnaire fort et politiquement organisé (il ne s’agit pas d’attendre patiemment la « révolution mondiale ») mais il doit être vu comme une partie d’un tout.

Du reste, la révolution dans notre pays s’inscrira sans aucun doute dans un élan, dans un processus révolutionnaire plus large incluant plusieurs zones et pays. À cet égard, on rappellera ceci : une révolution ne peut que sortir d’une crise nationale affectant profondément tant la classe dirigeante que les exploités et produisant un puissant éveil politique atteignant même les couches les plus retardataires. L’histoire le confirme, sous le capitalisme mondial actuel, de telles crises ne sont pas isolées ; elles s’inscrivent dans un contexte de bouleversement généralisé (économique, politique, militaire…) aux dimensions internationales.

Outre le travail politique dans notre pays, il s’impose dès lors de créer et renforcer les liens avec les organisations révolutionnaires d’autres pays. Il faut particulièrement viser les pays connaissant une évolution favorable au niveau de la maturité révolutionnaire, notre voisine la France par exemple.

Il est impératif de soutenir les luttes révolutionnaires (proprement ouvrières, de libération nationale, anti-impérialistes…) partout dans le monde, de les étudier, d’en tirer des leçons.

Quand la situation et les possibilités concrètes le permettent, il faut pousser à l’union internationale dans les luttes. Une pareille union trouve des illustrations récentes dans le mouvement des Gilets jaunes, dans les grèves des salariés du transport aérien, etc. À l’échelle de notre jeune organisation, nous avons notamment participé à différentes manifestations en France lors du mouvement des Gilets jaunes et puis des retraites.

La classe ouvrière de notre pays doit combattre pour son affranchissement et compter à titre principal sur sa lutte. Mais on ne peut envisager celle-ci de manière isolée, enfermée dans les frontières de notre pays, indépendante de la lutte des opprimés des autres pays. L’ennemi, c’est la classe dominante chez nous mais aussi les exploiteurs de tous les pays. Ce qu’il faut abattre, c’est le capitalisme en Belgique et partout dans le monde.

Ainsi, il faut s’attacher à construire, chez nous, un mouvement ouvrier révolutionnaire fort et politiquement organisé (il ne s’agit pas d’attendre patiemment la « révolution mondiale ») mais il doit être vu comme une partie d’un tout.

Du reste, la révolution dans notre pays s’inscrira sans aucun doute dans un élan, dans un processus révolutionnaire plus large incluant plusieurs zones et pays.

Outre le travail politique dans notre pays, il s’impose dès lors de créer et renforcer les liens avec les organisations révolutionnaires d’autres pays. Il faut particulièrement viser les pays connaissant une évolution favorable au niveau de la maturité révolutionnaire, notre voisine la France par exemple.

Il est impératif de soutenir les luttes révolutionnaires (proprement ouvrières, de libération nationale, anti-impérialistes…) partout dans le monde, de les étudier, d’en tirer des leçons.

VIII. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication

Au 19ème siècle, Marx et Engels écrivaient que les moyens de communications permettaient aux ouvriers des différentes localités d’entrer plus vite en relation et de se lier dans la lutte. « […] l’union que les bourgeois du moyen-âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes l’établissent en quelques années par les chemins de fer. » [1].

S’ils voyaient le degré atteint par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication ! Jour après jour, heure après heure, des quantités inconcevables d’informations de toutes sortes circulent à une vitesse extrême partout dans le monde, connectant des millions et des milliards d’êtres. Les flux d’informations sont plus nombreux et rapides que jamais. Les mouvements sociaux et événements politiques à travers le monde peuvent être suivis et relayés en temps réel via les réseaux sociaux. Le moindre acte de répression étatique est susceptible de faire le tour d’un pays et du monde en quelques heures. Que l’on pense au mouvement des Gilets jaunes… Les réseaux sociaux peuvent en outre constituer une tribune des plus efficaces ; on a par exemple vu de simples Gilets jaunes acquérir une audience colossale, égale voire supérieure à des politiciens très médiatisés, rien qu’en diffusant leur parole sur Facebook.

Bref, plus que jamais, l’union et la solidarisation des travailleurs aux niveaux national et mondial sont accélérées. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication recèlent pour les révolutionnaires qui savent s’en servir habilement d’immenses opportunités dans tous les pans de leur travail (agitation, propagande, organisation, mobilisation…).

Bien sûr, il ne faut pas oublier le revers de la médaille : ces développements sont aussi des armes pour la classe dirigeante ; surveillance et répression accrues de la population, manipulations de l’information, etc., etc. Mais les communistes doivent absolument apprendre à s’en servir utilement dans leur travail à défaut de quoi ils ne pourront qu’être dépassés et impuissants, à la remorque du mouvement social.

[1] Marx et Engels, Le manifeste du parti communiste, 1848.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication recèlent pour les révolutionnaires qui savent s’en servir habilement d’immenses opportunités dans tous les pans de leur travail (agitation, propagande, organisation, mobilisation…).

Bien sûr, il ne faut pas oublier le revers de la médaille : ces développements sont aussi des armes pour la classe dirigeante ; surveillance et répression accrues de la population, manipulations de l’information, etc., etc. Mais les communistes doivent absolument apprendre à s’en servir utilement dans leur travail à défaut de quoi ils ne pourront qu’être dépassés et impuissants, à la remorque du mouvement social.

IX. La conquête du pouvoir par la classe ouvrière
A. La majorité des suffrages comme condition pour lancer la bataille décisive ?

Certains s’imaginent qu’obtenir l’expression résolue du soutien de la majorité de la population est un préalable nécessaire pour lancer la classe ouvrière dans la bataille décisive contre la bourgeoisie. C’est une erreur menant en pratique à reporter indéfiniment la révolution à un avenir utopique. Expliquons-nous.

Sous le capitalisme, l’avant-garde révolutionnaire de la classe ouvrière côtoie des masses de prolétaires, de semi-prolétaires et de petits-bourgeois manipulés, intimidés, endormis et abrutis par la classe dominante. Bien sûr, l’avant-garde révolutionnaire ne pourra mener à bien sa mission historique (la construction d’une société sur une base nouvelle) si elle n’a pas de son côté la majorité du peuple. Mais sous la domination bourgeoise avec son lot de mystifications, de tromperies, de mensonges…, on ne peut se fixer comme objectif d’amener la majorité du peuple à se ranger résolument ou formellement pour la dictature du prolétariat. C’est, de manière générale (sauf exception) une chimère.

Pour gagner à lui les masses dans leur ensemble, le prolétariat révolutionnaire doit d’abord conquérir le pouvoir [1]. En arrachant le pouvoir, il brise la domination et l’autorité politique de la bourgeoisie. Il peut alors rencontrer en pratique les besoins matériels des masses au détriment des oppresseurs, des capitalistes ; il prouve par la pratique aux masses qu’il est de leur intérêt de soutenir résolument le pouvoir ouvrier et de participer franchement à la lutte contre les exploiteurs, pour la transformation de la société.

Ainsi, une expérience pratique, de lutte de classe acharnée et de travail de construction sociale, est nécessaire pour obtenir l’appui et la sympathie des masses laborieuses et des couches petites-bourgeoises dans leur ensemble.

Mais, bien sûr, l’avant-garde ouvrière ne peut conquérir le pouvoir seule, isolée. Elle doit s’assurer un soutien suffisant au sein des masses. Sur le chemin de la lutte (qui connait des flux et reflux, des victoires et des défaites, des avancées et des reculs), elle doit, au moyen d’une ligne à la fois juste et souple, accroître son autorité morale, son influence et son champ de sympathie au sein de la classe ouvrière tout entière et au sein des masses laborieuses. Sa propagande, son agitation, ses idées, doivent toujours plus infuser dans les consciences ; la justesse de sa politique doit faire ses preuves dans les faits. C’est ainsi que l’avant-garde ouvrière peut dans les faits se placer à la tête du mouvement ouvrier et devenir le guide des opprimés. Quant aux élections, elles ne sont qu’un indice de l’état d’esprit des masses mais la pratique et la lutte de classe sont décisives.

On ajoutera qu’avant de lancer le grand assaut, elle a à prendre en considération, outre les contradictions au sein de la bourgeoisie et entre les pays impérialistes, les hésitations de la petite bourgeoisie, les contradictions et tensions entre elle et la bourgeoisie.

Donnons quelques instants la parole à Lénine :

« On ne peut vaincre avec l’avant-garde seule. Jeter l’avant-garde seule dans la bataille décisive, tant que la classe tout entière, tant que les grandes masses n’ont pas pris soit une attitude d’appui direct à l’avant-garde, soit tout au moins de neutralité bienveillante, qui les rende complètement incapables de soutenir son adversaire, ce serait non seulement une sottise, mais un crime. » [2].

« L’art du politique (et la juste compréhension de ses devoirs par un communiste) est d’apprécier avec exactitude les conditions et le moment où l’avant-garde du prolétariat pourra s’emparer du pouvoir ; où elle pourra, pendant et après, bénéficier d’un appui suffisant de couches suffisamment larges de la classe ouvrière et des masses laborieuses non prolétariennes ; où elle saura dès lors soutenir, renforcer, élargir sa domination, en éduquant, en instruisant, en attirant à elle des masses toujours plus grandes de travailleurs. » [3].

« Tant qu’il s’agissait (et dans la mesure où il s’agit encore) de rallier au communisme l’avant-garde du prolétariat, la propagande s’est située au premier plan […]. Mais quand il s’agit de l’action pratique des masses, de la distribution — s’il m’est permis de m’exprimer ainsi — d’armées fortes de millions d’hommes, de la répartition de toutes les forces de classe d’une société donnée en vue du combat final et décisif, on ne fera rien avec les seules méthodes de propagande, avec la seule répétition des vérités du communisme « pur ». Il ne faut pas compter ici par milliers, comme le fait en somme le propagandiste, membre d’un groupe restreint et qui n’a pas encore dirigé les masses ; il faut compter ici par millions et par dizaines de millions. Il ne suffit pas de se demander si l’on a convaincu l’avant-garde de la classe révolutionnaire ; il faut encore savoir si les forces historiquement agissantes de toutes les classes, absolument de toutes les classes sans exception, d’une société donnée, sont disposées de façon que la bataille décisive soit parfaitement à point, — de façon :

  1. que toutes les forces de classe qui nous sont hostiles soient suffisamment en en difficulté, se soient suffisamment entre-déchirées, soient suffisamment affaiblies par une lutte au-dessus de leurs moyens ;

  2. que tous les éléments intermédiaires, hésitants, chancelants, inconstants — la petite bourgeoisie, la démocratie petite-bourgeoise par opposition à la bourgeoisie — se soient suffisamment démasqués aux yeux du peuple, suffisamment déshonorés par leur faillite pratique ;

  3. qu’au sein du prolétariat un puissant mouvement d’opinion se fasse jour en faveur de l’action la plus décisive, la plus résolument hardie et révolutionnaire contre la bourgeoisie. C’est alors que la révolution est mûre ; c’est alors que, si nous avons bien tenu compte de toutes les conditions indiquées, sommairement esquissées plus haut, et si nous avons bien choisi le moment, notre victoire est assurée. » [4].

[1] « Le prolétariat doit d’abord renverser la bourgeoisie et conquérir pour lui le pouvoir politique ; ce pouvoir politique, c’est-à-dire la dictature prolétarienne, il doit ensuite s’en servir comme d’un moyen pour s’attirer la sympathie de la majorité des travailleurs. » (« Les élections à l’Assemblée Constituante et la dictature du prolétariat », Lénine).

[2] Lénine, La maladie infantile du communisme, 1920.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

B. La question de l’État

Pour conquérir le pouvoir, la classe ouvrière doit affronter et détruire l’État bourgeois, capitaliste.

L’État, on en entend souvent parler mais qu’est-ce donc réellement ? C’est l’instrument au moyen duquel la classe dominante maintient sa domination dans la société et réprime les opprimés. Il est composé d’une lourde bureaucratie, d’une armée, d’une police, de services de renseignements, d’un gouvernement… Le contrôle que la bourgeoisie exerce sur l’État s’effectue de mille et une manières : par la corruption directe et indirecte, par le lobbying, par l’influence à travers les médias de masse, par l’entrelacement entre le monde économique et le monde politique, etc., etc.

Les ouvriers n’ont pas à s’emparer de l’État du capital ; ils doivent le mettre en pièces et en créer un autre pour défendre leur pouvoir et leur société ; un État d’un nouveau type, un État ouvrier. Le but étant, à terme, de ne plus en avoir besoin, il est utilisé de façon transitoire jusqu’à ce qu’il dépérisse.

Dans ce nouvel État, qui n’en est déjà plus un au sens propre du terme, le gouvernail n’est plus entre les mains de personnes coupées du peuple, privilégiées et indéboulonnables ; il est tenu par la classe ouvrière. Toute la machine étatique sert les intérêts de l’ensemble des travailleurs qui participent directement à la gestion du pays, à la vie politique et démocratique. Les élus sont révocables à tout moment, rémunérés comme de simples ouvriers et soumis à un contrôle étroit.

Cet État transitoire incarne ce que Marx appelait la dictature du prolétariat. Il faut entendre par là ceci : l’avant-garde des travailleurs exploités organisée en classe dominante pour réprimer les oppresseurs. La dictature du prolétariat est une démocratie pour le peuple travailleur et une dictature pour les oppresseurs, les capitalistes, dont elle brise la résistance par la répression et à qui elle impose des restrictions de liberté. Ce n’est que lorsque la résistance des capitalistes, des exploiteurs, est définitivement anéantie, ce n’est que lorsqu’il n’y a plus de classes sociales, plus rien à réprimer, que l’État disparait, dépérit. Il faut du reste garder à l’esprit le fait qu’outre son pan destructif (la rupture) et répressif, l’œuvre du nouveau pouvoir ouvrier recouvre un vaste pan pacifique, constructif (le renouveau).

On nous parle depuis la plus tendre enfance de « démocratie libérale ». Or dans les faits, la démocratie bourgeoise n’est qu’une forme de domination des possédants, des capitalistes, des riches, sur les pauvres, sur les ouvriers… Derrière les apparences et formes démocratiques se cache le pouvoir inflexible de la richesse, du capital qui fait les lois, qui contrôle l’État avec son gouvernement, sa police, qui écrase les travailleurs… Sous la démocratie bourgeoise, face aux intérêts des puissants, les opprimés ne sont en réalité « libres » que de choisir leur bâillon.

On notera enfin qu’en ce début de troisième millénaire, les mouvements révolutionnaires devront faire face à une machine étatique plus puissante que jamais, à une classe dominante disposant de moyens technologiques, d’information et de destruction ultra-avancés. Sans parler des outils et structures de répression internationaux tels que l’OTAN, Europol, etc. Néanmoins, la classe ouvrière organisée politiquement a les capacités de briser ces obstacles, de retourner les armes et les moyens technologiques et d’information contre la bourgeoisie.

A. La majorité des suffrages comme condition pour lancer la bataille décisive ?

Non, cela reviendrait à postposer indéfiniment la révolution. Le tout est de bénéficier d’un soutien suffisant des masses et d’établir un rapport des forces favorables.

B. La question de l’État

Pour conquérir le pouvoir, la classe ouvrière doit affronter et détruire l’État bourgeois, capitaliste (l’État, c’est l’instrument au moyen duquel la classe dominante maintient sa domination dans la société et réprime les opprimés).

Les ouvriers doivent mettre l’État du capital en pièces et en créer un autre pour défendre leur pouvoir et leur société ; un État d’un nouveau type, un État ouvrier. Le but étant, à terme, de ne plus en avoir besoin, il est utilisé de façon transitoire jusqu’à ce qu’il dépérisse.

Dans ce nouvel État, qui n’en est déjà plus vraiment un à proprement parler, le gouvernail n’est plus entre les mains de personnes coupées du peuple, privilégiées et indéboulonnables ; il est tenu par la classe ouvrière. Toute la machine étatique sert les intérêts de l’ensemble des travailleurs qui participent directement à l’administration du pays, à la vie politique et démocratique. Cet État transitoire incarne ce que Marx appelait la dictature du prolétariat qui est une démocratie pour le peuple travailleur et une dictature pour les oppresseurs, les capitalistes, dont elle brise la résistance par la répression et à qui elle impose des restrictions de liberté.

X. La construction de la nouvelle société

Comme il ressort des développements qui précèdent, le prolétariat, guidé par son parti, a deux tâches fondamentales :

  • entrainer, organiser et diriger les masses de travailleurs opprimés dans la lutte pour rompre avec le capitalisme, renverser la classe dirigeante et réprimer sa résistance
  • mener les masses travailleuses et petites-bourgeoises dans la construction d’un nouveau système économique, de nouvelles relations sociales, d’une nouvelle organisation du travail…

La rupture d’abord… et puis le renouveau.

A. Une construction progressive

Que peut-on dire, de manière générale de la construction de la nouvelle société, que l’on nomme « société communiste » ? Celle-ci comprendra deux étapes : la première, le socialisme et l’étape supérieure, le communisme. Le socialisme est une transition au cours de laquelle sont éliminés les nombreux vestiges du capitalisme, les possibilités de restauration. Les conditions matérielles et culturelles pour le passage au stade supérieur – le communisme – se développent progressivement.

Concrètement, une fois le pouvoir conquis, les ouvriers s’emparent des leviers de commande de l’économie (grande industrie, commerce, transports, banques, terres…). Ceux-ci sont nationalisés et reviennent à la collectivité. De la sorte, ils ne sont plus soumis aux besoins capitalistes de profits mais orientés vers un but commun conforme aux besoins sociaux des travailleurs.

Notons qu’avant d’en arriver au socialisme, une transition est nécessaire et doit être établie conformément à la situation et aux nécessités concrètes. Dans cette optique, il faut assurer l’indépendance économique vis-à-vis des pays capitalistes.

Dans le régime socialiste, la force de travail n’est plus une marchandise. Avec l’appropriation collective des moyens de production apparait la possibilité de travailler pour soi-même, pour la société (et non pour les profits d’une minorité). Les conquêtes techniques, scientifiques et culturelles, les progrès de la productivité…, tout cela est entièrement utilisé pour répondre aux besoins de la société.

Ainsi, la situation sociale des travailleurs se trouve radicalement modifiée. Par voie de conséquence, même si des vestiges du capitalisme se maintiennent dans les consciences, la vision du travail change radicalement. De corvée, de fardeau, le travail se transforme graduellement (pas du jour au lendemain) en une activité sociale salutaire (pour la santé physique, morale et intellectuelle) créant fierté et honneur.

La créativité et l’innovation dans le travail ne sont plus entravées mais bien plutôt encouragées. On entend souvent dire que, dans la société communiste, sorte de caserne grise, on tue l’esprit d’initiative et d’innovation qui serait stimulé par la concurrence et la liberté d’entreprise… C’est en fait tout l’inverse qui s’observe. Dans la jungle capitaliste, la créativité et l’esprit d’innovation de l’immense majorité de la population sont dans les faits étouffés et annihilés. La minorité privilégiée se débat quant à elle dans une concurrence de laquelle les grands monopoles sortent vainqueurs. D’innombrables entraves politiques et juridiques telles que les brevets empêchent que les productions humaines innovantes bénéficient à la société tout entière. Le système socialiste, lui, ouvre les vannes de la créativité et de l’innovation aux masses ; celles-ci, libérées de l’insécurité du lendemain et pouvant réellement accéder à l’éducation, à la culture, à la science, développent toujours plus leur potentiel.

Il n’est pas rare non plus de dire que le socialisme crée un égalitarisme grossier dépourvu de stimulant en vertu duquel tous les travailleurs reçoivent la même chose. C’est faux. Sous le socialisme, la situation du travailleur dépend de la quantité et de la qualité de son travail : à travail égal, salaire égal, indépendamment du sexe, de l’âge, de l’ethnie ou de la nationalité. Chacun travaille selon ses capacités et chacun a droit au travail. Se maintiennent des différences, équitables, de rémunération entre le travail simple et qualifié, les travaux plus ou moins pénibles, etc. Ainsi, chaque travailleur trouve un intérêt matériel au résultat de son travail. Enfin, comme relevé plus haut, la manière de considérer le travail est progressivement révolutionnée. La motivation engendrée dans des rapports de production socialistes est sans commune mesure avec celle suscitée sous l’esclavage salarié.

Et y a-t-il toujours, dans le mode de production socialiste, une anarchie dans la production ? La possibilité de crises de surproduction existe-t-elle encore ? Non. La contradiction entre production sociale et appropriation capitaliste est abolie. Les moyens de production, socialisés, sont mis en harmonie avec la production sociale et l’économie est planifiée scientifiquement. Les forces productives, enfin libérées du carcan étroit des rapports de production capitalistes, peuvent connaître un essor continu. Toutes les ressources en main-d’œuvre de la société sont mises en mouvement (la base économique du chômage disparaît).

Notons bien que, sous le socialisme, on socialise la terre et les moyens de production mais on ne retire pas sa maison à Jean-Claude habitant à Namur ou son vélo à Chantal roulant dans les rues de Gand. Le droit à la propriété personnelle se maintient pour les objets de consommation, les habitations, les objets de ménage et d’usage quotidien, les revenus et l’épargne provenant du travail… Les travailleurs ont le droit de s’approprier leur part du produit social.

On peut ici encore évoquer trois points :

  • Le système économique étant mis au service de la société tout entière et non plus de rapaces capitalistes, les guerres aux quatre coins du monde pour piller et asservir des peuples entiers n’ont plus lieu d’être.
  • L’émancipation intégrale et définitive des femmes ne se fera pas du jour au lendemain car, comme le disait Lénine, il s’agit de transformer « des coutumes, des mœurs enracinées depuis des siècles ». Mais pour ouvrir la voie à cette émancipation, il faut balayer l’ordre capitaliste, abolir la propriété privée des moyens de production et poser les bases d’une société sans classes. Seul un système fondé sur une vaste économie collective, faisant disparaître la prépondérance économique des hommes et faisant rayonner la force des femmes au bénéfice de toute la société, permettra de pleinement et définitivement libérer les femmes. Quels éléments nouveaux apparaîtront alors dans les rapports intimes entre hommes et femmes? Ainsi que l’écrivait Engels, « Cela se décidera quand aura grandi une génération nouvelle : génération d’hommes qui, jamais de leur vie, n’auront été à même d’acheter par de l’argent ou par d’autres moyens de puissance sociale l’abandon d’une femme ; génération de femmes qui jamais n’auront été à même de se donner à un homme pour quelque autre motif que l’amour véritable, ou de se refuser à celui qu’elles aiment par crainte des suites économiques de cet abandon. ». [1]
  • Pollution de l’atmosphère, des sols et des eaux, acidification des océans, épuisement des ressources naturelles, déforestation, désertification, destruction des espaces de vie et de la biodiversité et réchauffement climatiqueposant des perspectives désastreuses dans un avenir relativement proche… pas de doutes, la crise écologique est grave et partie pour s’aggraver. On en conviendra, les problèmes ne sont pas de surface mais profonds et vastes. C’est pourquoi une réponse radicale s’impose. Cela vaut même concernant la seule problématique du changement climatique, qui exige un tournant drastique au niveau énergétique.
    Actuellement, ce qui menace la vie telle qu’on la connait, ce n’est pas à proprement parler l’humanité, comme on peut souvent l’entendre, mais le système économique dans lequel on vit. Il n’est pas juste de reporter les responsabilités sur les individus en faisant abstraction du système social les entourant et les conditionnant. Soutenir que les individus doivent « changer leur manière de consommer », c’est oublier que, comme l’écrivait Marx, sous le capitalisme, « La production précède la consommation » et pas l’inverse ; autrement dit, la production n’attend pas la demande. Les capitalistes, aiguillonnés par la course aux profits, ont tendance à élargir continuellement la production ; c’est la production pour la production, au-delà des besoins réels de la société.
    Tant que le capitalisme est le capitalisme, il ne peut qu’épuiser et détruire, outre la force de travail des ouvriers, les ressources naturelles. Il ne peut que fonctionner de façon anarchique, chaotique ; en effet, la production n’est pas gérée de façon organisée mais conformément aux lois de la concurrence et du profit, sans égards pour les besoins humains, environnementaux… Ainsi par exemple, tant que le fossile représentera une source de profits, le capital l’exploitera jusqu’à la dernière goutte. Un autre phénomène très révélateur de la nature du système est l’obsolescence programmée, qui est un ensemble de méthodes intervenant au stade de la production pour satisfaire des fins de profit, au détriment du consommateur et de l’environnement.
    Bref, le capitalisme ne sera jamais vert.
    Sous le socialisme, émancipé des lois de la concurrence et du profit, les leviers économiques seront orientés de façon planifiée dans le sens de l’intérêt commun afin de résoudre la crise écologique. Il sera alors possible de revoir notre manière de consommer socialement l’énergie, nos moyens et réseaux de transport, etc., etc.

[1] Engels, L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, 1884.

B. La phase supérieure de la société communiste

La phase supérieure du monde à construire, de la société communiste, c’est le communisme. On ne peut à ce stade qu’esquisser les grands traits qui le caractériseront ; à défaut de données matérielles, on ne peut aller plus loin sous peine de tomber dans la spéculation.

Les classes sociales auront disparu. Puisqu’il n’y aura plus rien à réprimer, le pouvoir d’État, devenu inutile, aura également disparu. Les travailleurs administreront eux-mêmes la vie sociale sous la forme d’une association libre.

En outre, les produits ne seront plus répartis par l’échange mais de manière directe, selon les besoins de chacun.

A. Une construction progressive

La construction de la nouvelle société, que l’on nomme « société communiste », comprendra deux étapes : la première ; transitoire, le socialisme et l’étape supérieure, le communisme.

Concrètement, une fois le pouvoir conquis, les ouvriers s’emparent des leviers de commande de l’économie (grande industrie, commerce, transports, banques, terres…). Ceux-ci sont nationalisés et reviennent à la collectivité. De la sorte, ils ne sont plus soumis aux besoins capitalistes de profits mais orientés vers un but commun conforme aux besoins sociaux des travailleurs.

Notons qu’avant d’en arriver au socialisme, une transition est nécessaire et doit être établie conformément à la situation et aux nécessités concrètes.

Sous le régime socialiste :

  • les moyens de production sont propriété sociale et plus privée et les travailleurs ont le droit de s’approprier leur part du produit social ;
  • la force de travail n’est plus une marchandise ; de corvée, le travail se transforme progressivement en une activité sociale salutaire créant fierté et honneur ; la créativité et l’innovation des masses de travailleurs sont encouragées ;
  • la situation du travailleur dépend de la quantité et de la qualité de son travail : à travail égal, salaire égal, indépendamment du sexe, de l’âge, de l’ethnie ou de la nationalité ;
  • l’économie est planifiée scientifiquement ; plus d’anarchie de la production ;
  • l’oppression des femmes disparait ;
  • l’on pourra orienter de façon planifiée les leviers économiques dans le sens de l’intérêt commun et résoudre la crise écologique.
B. La phase supérieure de la société communiste

La phase supérieure du monde à construire, de la société communiste, c’est le communisme. On ne peut à ce stade qu’esquisser les grands traits qui le caractériseront ; à défaut de données matérielles, on ne peut aller plus loin sous peine de tomber dans la spéculation.

Les classes sociales auront disparu. Puisqu’il n’y aura plus rien à réprimer, le pouvoir d’État, devenu inutile, aura également disparu. Les travailleurs administreront eux-mêmes la vie sociale sous la forme d’une association libre.

En outre, les produits ne seront plus répartis par l’échange mais de manière directe, selon les besoins de chacun.

XI. Les expériences du passé

Connaître et tirer des enseignements de l’histoire du mouvement ouvrier est une nécessité évidente pour les révolutionnaires. Nous y consacrerons de nombreuses publications. Une analyse de l’expérience soviétique est actuellement en préparation.

XII. La conception du monde et les perspectives de R&R

Le lecteur l’aura compris, nous sommes marxistes. Le marxisme, fondé par Marx et Engels, ce n’est pas juste une doctrine inspirante ; c’est une conception du monde, un formidable outil pour la compréhension de la réalité et un guide pour l’action. Il analyse la société dans son mouvement, comme un organisme vivant, sur la base de ses conditions matérielles.

Mais au-delà de la seule analyse sociale, il peut se définir comme la science des lois du développement de la nature et de la société. Étant une science, le marxisme est lui-même en constant développement. Il s’enrichit des nouvelles expériences et connaissances. Ce n’est pas un dogme, une doctrine figée. Certaines de ses thèses et de ses conclusions sont donc amenées à changer avec le temps et à être remplacées par des conclusions et thèses nouvelles, conformes aux conditions historiques nouvelles. Être marxiste ne signifie donc pas apprendre des formules par cœur mais savoir développer la théorie marxiste et la faire progresser.

Lénine a appliqué le marxisme à son époque (l’époque de l’impérialisme, stade suprême du capitalisme). Il l’a développé dans tous ses aspects sur la base de la nouvelle situation historique et des nouvelles connaissances et expériences. Ses contributions théoriques au marxisme ont véritablement signé une nouvelle étape dans son évolution en sorte qu’aujourd’hui, être communiste implique d’être non seulement marxiste mais, en outre, « léniniste ».

Rupture & Renouveau est une organisation politique indépendante qui a été fondée en mars 2019. Notre déclic a été le mouvement des Gilets jaunes et, plus largement, la relative effervescence de mouvements sociaux (au-delà des frontières de la Belgique), signe d’une nouvelle étape dans le développement des luttes sociales.

La classe ouvrière a besoin d’un détachement révolutionnaire ; par ses seules forces spontanées, elle ne peut l’emporter. Après avoir soupesé la situation politique et les forces en présence, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il n’y a pas de tel détachement en Belgique. Le PTB est en train de prendre la place laissée vacante par le PS. Il est un parti social-démocrate, réformiste. Il représente certainement un signe positif en ce qu’il révèle une évolution des consciences. Mais il suit la même trajectoire que des partis tels que Syriza en Grèce.

Voilà pourquoi il nous semble que la tâche actuelle des communistes belges est de travailler à la construction d’une organisation capable de devenir, un jour, un véritable parti ouvrier révolutionnaire de masse. Avec R&R, qui est encore au stade de groupe, nous faisons un pas dans ce sens. Nous savons que le travail est immense et sera fort long. Mais il doit être accompli.

Atteindre cet objectif commande dans l’immédiat de travailler d’arrache-pied sur les points suivants :

  • Progressivement créer un noyau central de révolutionnaires aguerris et à plein temps.
  • Grouper une masse de militants et de sympathisants permettant un développement large de l’organisation.
  • Créer des liens toujours plus nombreux et solides avec la classe ouvrière ; dans notre travail d’agitation et de propagande, il nous faut dans un premier temps mettre la priorité première sur les grandes usines du pays, tout en apportant notre soutien aux luttes sociales dans tous les secteurs.
  • Viser l’échelle nationale, même si le terrain politique nous est pour le moment moins favorable en Flandre (notamment en raison de l’ascension considérable des forces fascistes) qu’à Bruxelles et en Wallonie. Les communistes doivent en effet rendre la lutte de la classe ouvrière unitaire.
    Il faut s’appuyer sur les révolutionnaires et sur les ouvriers avancés de chacune des régions ; d’ores et déjà progressivement s’étendre et multiplier les sections locales à travers le pays. Les conditions régionales particulières doivent être prises en compte dans l’adoption des tactiques politiques.
  • Élaborer une position et une tactique justes par rapport au PTB qui est actuellement en phase ascendante, en « lune de miel ». Un texte est en préparation et sera bientôt publié.
    Ce point revêt une importance particulière dans la mesure où le PTB – signal positif mais parti réformiste et non révolutionnaire – a pour lui énormément (et de plus en plus) de militants sincères ainsi que d’ouvriers et de travailleurs, dont des éléments politiquement actifs.
    D’une part, pour gagner idéologiquement les ouvriers d’avant-garde, la lutte politique et idéologique doit être menée contre le réformisme en général et contre celui du PTB en particulier. D’autre part, la seule propagande ne pourra dissiper les illusions des masses d’ouvriers plaçant leurs espoirs dans le PTB ; c’est l’expérience politique qui sera déterminante. Autrement dit, c’est après avoir goûté à la politique réformiste du PTB que les masses ouvrières pourront pleinement saisir la nécessité de s’en détacher pour aller plus loin. Or le test de la pratique approche, même si le PTB lui-même le redoute.
    Les communistes organisés doivent donc :

    • mener leur travail de propagande contre le réformisme du PTB et
    • mettre en œuvre des tactiques souples pour rester liés aux masses ouvrières qu’il faut pousser en avant, qu’il faut aider à faire et traverser leurs expériences politiques.

    Disons en résumé que du flair dans la tactique sans concessions sur les principes sera nécessaire pour tirer le meilleur avantage de la situation.

Le lecteur l’aura compris, nous sommes marxistes. Le marxisme, fondé par Marx et Engels, ce n’est pas juste une doctrine inspirante ; c’est une conception du monde, un formidable outil pour la compréhension de la réalité et un guide pour l’action. Il analyse la société dans son mouvement, comme un organisme vivant, sur la base de ses conditions matérielles. Étant une science, le marxisme est lui-même en constant développement. Être marxiste ne signifie donc pas apprendre des formules par cœur mais savoir développer la théorie marxiste et la faire progresser.

Les contributions théoriques de Lénine ont signé une nouvelle étape dans l’évolution du marxisme en sorte qu’aujourd’hui, être communiste implique d’être non seulement marxiste mais, en outre, « léniniste ».

Rupture & Renouveau est une organisation politique indépendante qui a été fondée en mars 2019. Le déclic a été le mouvement des Gilets jaunes et, plus largement, la relative effervescence de mouvements sociaux (au-delà des frontières de la Belgique), signe selon nous d’une nouvelle étape dans le développement des luttes sociales.

Il nous semble que la tâche actuelle des marxistes belges est de travailler à la construction d’une organisation capable de devenir, un jour, un véritable parti ouvrier révolutionnaire. Avec R&R, qui est encore au stade de groupe, nous faisons un pas dans ce sens. Nous savons que le travail est immense et sera fort long. Mais il doit être accompli.