Discours prononcé à la conférence des secrétaires des organisation du Komsomol des kolkhoz de la région de Moscou, le 12 juillet 1945


Camarades,

Je m’arrêterai sur une seule question. Vous êtes l’organisation du Komsomol de la région de Moscou, où se trouve la capitale ; d’une région qui est parmi les premières pour l’instruction, pour le savoir. Les komsomols de la région de Moscou doivent être, il va sans dire, un des détachements les plus cultivés du Komsomol de l’U.R.S.S. Quant à l’abnégation, à la ténacité dans le travail, à l’ardeur dans l’émulation, au patriotisme — bref, à toutes les belles qualités de notre Komsomol que vous déployez tous les jours, elles sont aussi inhérentes à ses autres détachements.

Mais l’organisation de la capitale doit se distinguer en quelque chose, elle doit se signaler par une particularité qui n’est qu’à elle, qu’à la capitale. On a coutume de dire qu’un habitant de la capitale possède un certain vernis, qu’il se distingue d’un provincial par la vivacité de ses impressions, de ses réactions, etc. Il est vrai que vous vivez non pas à Moscou, mais dans sa région, et que vous travaillez dans l’agriculture. Vous n’en devez pas moins vous distinguer aussi en quelque chose, vous, l’organisation d’une région où se trouve la capitale.

Quelles sont les exigences qu’on présente à l’heure actuelle à votre organisation régionale du Komsomol, une des plus cultivées de notre Union soviétique ? C’est, me semble-t-il, l’esprit d’organisation. Le camarade Popov a parfaitement raison lorsqu’il dit que nous mettons beaucoup trop de travail dans l’agriculture. Ce qu’il faudrait, c’est obtenir avec moins de travail des résultats non pas identiques à ceux d’à présent, mais encore meilleurs. Telle est la tâche qui se pose devant le Komsomol !

Car parmi les paysans aussi, vous êtes les plus cultivés : vous avez terminé l’école de sept ou de dix ans. Dans l’ancienne province de Moscou, bien peu de jeunes gens possédaient une instruction moyenne. Et jamais autrefois on n’a dépensé, pour instruire la jeunesse, autant que sous le pouvoir des Soviets. Mais qu’est-ce que l’instruction ? L’instruction tend à discipliner l’homme, elle lui permet d’aborder toute chose d’une façon particulière, méthodique. Un homme sans instruction accomplit son travail de façon mécanique, par routine ; il ne se trace guère de plans mûrement réfléchis : il travaille comme travaillaient ses ancêtres. Or, il ne faut plus travailler comme travaillaient nos ancêtres, il faut apporter l’esprit d’organisation.

Qu’est-ce que l’esprit d’organisation ? C’est, par exemple, ne pas effectuer les semailles avec une précipitation telle que chacun doive se lever au chant du coq pour ne se coucher qu’avec le soleil, et, la langue pendante, se démener sans arrêt toute la journée. On obtient de la sorte certains résultats, je n’en disconviens pas. Et j’admets parfaitement qu’il est des moments où il faut s’y résigner. Mais votre tâche, celle de la partie cultivée, intellectuelle de la paysannerie, est d’apporter la méthode dans le travail, pour que celui-ci s’accomplisse sans vaine agitation, en quelque sorte automatiquement — vite et bien. Vous avez dans ce domaine un grand travail à réaliser. Et dans ce champ d’activité vous devez donner l’exemple, apporter la culture.

Que signifie apporter la culture jusque dans la vie courante, jusque dans le travail ? Cela signifie ne rien faire de superflu, cela signifie que chaque mouvement doit donner des résultats. Savez-vous comment on travaille à l’usine ? Plus on se démène devant sa machine, et moins on obtient de résultats. Et vice versa. Voyez cet homme qui remue à peine ; pourtant son ouvrage avance de façon, incroyable ; il ne fait pas un geste de trop ; tous ses instruments, toutes ses affaires sont en bon ordre ; il les prend à leur place sans se retourner, et son travail donne d’excellents résultats.

Dans l’agriculture, à la campagne, on peut travailler l’écume aux lèvres du matin au soir, mais sans grand effet. C’est vrai ou non ce que je dis là ? Vous avez beau travailler, il reste toujours énormément à faire. Cela est dû certainement à un manque d’organisation. Eh bien, nous devons introduire l’esprit d’organisation dans le travail, je dirais même dans la vie courante.

Mais qu’est-ce que cela signifie : l’esprit d’organisation dans le travail du Komsomol ? C’est ne rien dire de superflu aux réunions ; si une question est posée, c’est en parler non pas en général, mais de façon concrète ; c’est la régler pratiquement et mener les choses jusqu’au bout. N’oubliez pas que partout, et dans la propagande, et à une réunion, et devant une tasse de thé, on voit si un homme est ordonné ou non.

Eh bien, j’estime que le Komsomol de Moscou, de tous le plus cultivé, est de taille à mener cette tâche à bien. S’il ne vient pas à bout de cette tâche, qui donc en viendra à bout ? L’esprit d’organisation est chez vous d’autant plus indispensable que vous avez affaire, dans les campagnes, à des cultures différentes qui exigent un travail énorme, telles les cultures potagères, les légumes. Elles demandent beaucoup de travail. Et naturellement, si l’organisation fait défaut, les résultats peuvent être nuls.

Cette question, je l’ai déjà posée devant le Komsomol, mais il ne semble pas qu’elle vous préoccupe à vos réunions et quand vous prenez la parole. Or, le Komsomol forme des hommes. Le Komsomol, si l’on peut s’exprimer ainsi, jette les bases de toute l’activité future de l’homme. Cadres dirigeants du Komsomol, vous aurez donc à assumer une lourde responsabilité si, disons, votre organisation de kolkhoz ou d’arrondissement forme des hommes actifs el énergiques, des patriotes soviétiques, bref des hommes excellents, mais désordonnés, ne sachant organiser ni leur travail, ni leur vie.

Aussi permettez-moi d’espérer que l’organisation du Komsomol de la région de Moscou portera son attention sur cette branche d’activité. Et c’est de tout cœur que je vous souhaite de réussir.

(Toute la salle debout applaudit vivement. On crie : « Vive Mikhaïl Ivanovitch Kalinine ! Hourra ! »)

Komsomolskaïa Pravda, 14 juillet 1945