"Accord social" approuvé par les syndicats : le patronat s'en réjouit...

Comme le savez, les trois grands syndicats du pays vont signer avec le patronat un « accord social » (valable pour 2021 et 2022) dans le cadre des négociations de l’AIP. Il contient plusieurs volets dont le recours aux heures supplémentaires et le salaire minimum qui font le plus couler d’encre. La norme salariale n’en fait pas partie ; elle a été fixée par le gouvernement à 0,4% et va faire l’objet d’un arrêté royal (notre article là-dessus : https://www.ruptureetrenouveau.be/2021/05/12/le-gouvernement-annonce-une-prime-corona).

Jusqu’à la fin 2022, les travailleurs pourront prester 220 heures supplémentaires volontaires par année, contre 120 en « temps normal » (pour rappel, le régime des heures supplémentaires a fait l’objet d’une réforme sous le gouvernement Michel, en 2017). Sur ce quota de 220 heures supplémentaires, 120 heures n’entraîneront pas de sursalaire ni de récupération et seront exonérées d’impôts sur le revenu et de cotisations de sécurité sociale. Ah, cette bonne vieille flexibilité qu’on nous sert à toutes les sauces ! « Pour le bien de la relance », il faut être absolument flexibles, prolonger le temps de travail… se faire encore plus exploiter. Oui mais, nous dira-t-on, ce sont des heures supplémentaires VOLONTAIRES. Chaque ouvrier sait combien cette « libre volonté » est fictive dans la pratique d’une relation de travail salarié… Au fait, remarquez bien que ce volet de l’ « accord social » est en fait une extension et une prolongation de ce qui était censé n’être que provisoirement appliqué dans les secteurs essentiels le temps de la crise sanitaire. C’est ce qu’on appelle la technique du pied dans la porte. Cela illustre comment le patronat s’est servi de la crise pour faire passer de nouvelles mesures défavorables aux travailleurs. Il est à prévoir que le régime des heures supplémentaires établi par l’ « accord social » sera maintenu au-delà de 2022.

Le salaire minimum va augmenter de 150 euros bruts par mois. Mais, d’abord, c’est insuffisant et l’augmentation ne va se faire que sur plusieurs années (d’ici à 2026). Ensuite, ce seront pour l’essentiel les caisses publiques et de la sécurité sociale, c’est-à-dire les travailleurs, qui financeront cette augmentation ! L’accord prévoit en effet qu’ « un bonus fiscal et social » sera appliqué afin de « compenser autant que possible le coût supplémentaire pour les employeurs ». Tous les cadeaux octroyés par l’Etat aux employeurs ne suffisent apparemment pas… Depuis 2020 par exemple, les employeurs de la construction gardent 18% des revenus imposables du travailleur via un mécanisme de dispense de versement du précompte professionnel (ainsi, sur 2.500 euros imposables, l’employeur gagne 450 euros via cette dispense).

On peut donc dire que cette mesure est une concession patronale de façade.

Un mot sur la popotte syndicale, sur la façon dont le « oui » des syndicats a été décidé. La parole à un délégué de terrain FGTB:

Sur papier, la prise de décision est démocratique. Mais en pratique, c’est tout autre chose… Là où je suis par exemple, il n’y a pas eu la moindre consultation de la base (même pas pour la forme). Il faut dire que les instances dirigeantes des syndicats jouent le jeu des ministres et de la FEB. Aux ouvriers et délégués de la base de tout faire pour les contrecarrer.

Le patronat peut se réjouir (et il le fait) de la conclusion de cet accord. Pour autant, son appétit est loin d’être rassasié. En attestent ces propos de la FEB : « Peut-on considérer que la mission est accomplie ? Loin de là. Nous allons devoir faire face à des réformes radicales pour rendre notre marché du travail plus flexible et plus dynamique. […] Au travail, donc ! »

Le capital est en ordre de bataille. Soyons-le également ! Comme le disent nos camarades ouvriers :

Sans la lutte de la base, on n’est rien.

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Les droits et privilèges que nous avons pour le moment ont été obtenus par le sacrifice des anciens et risquent de vite disparaître si on ne lutte pas.

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