Après le programme, le congrès est passé aux statuts du Parti (nous laissons de côté la question ci dessus mentionnée de l’organe central, ainsi que les rapports des délégués dont la plupart n’ont pu, malheureusement, les présenter sous une forme satisfaisante). Inutile de dire que la question des statuts avait pour nous tous une importance considérable. En effet, l’Iskra avait agi dès le début non seulement en qualité d’organe littéraire, mais aussi en qualité de cellule d’organisation. Dans l’éditorial du numéro quatre, « Par où commencer ? », l‘Iskra avait préconisé tout un plan d’organisation [1] et elle a appliqué ce plan invariablement, de façon systématique, durant trois années. Lorsque le deuxième congrès du Parti eut reconnu l’Iskra comme organe central, sur les trois paragraphes de considérants de la résolution (p. 147) deux étaient consacrés précisément à ce plan d’organisation et aux idées de l’« Iskra » en matière d’organisation : son rôle dans la direction du travail pratique du Parti et son rôle dirigeant dans le travail d’unification. Il est donc tout naturel que le travail de l’Iskra, ainsi que toute l’œuvre d’organisation du Parti, du rétablissement réel du Parti, ne pouvaient pas être considérés comme achevés avant que le Parti tout entier eût reconnu et fixé formellement certaines idées en matière d’organisation. C’est cette tâche que devaient remplir les statuts d’organisation du Parti.

Les idées fondamentales que l’Iskra entendait mettre à la base de l’organisation du Parti se ramenaient en substance aux deux suivantes. La première, l’idée du centralisme, établissait en principe le mode de solution des nombreux problèmes d’organisation particuliers et de détail. La seconde, touchant le rôle particulier du journal, organe dirigeant idéologique, tenait compte des besoins momentanés et spécifiques du mouvement ouvrier social démocrate russe précisément, dans le cadre d’un régime d’esclavage politique, à la condition de créer à l’étranger une base initiale d’opération, pour l’assaut révolutionnaire. La première idée, la seule idée de principe, devait imprégner tous les statuts; la seconde, comme idée particulière, engendrée par des circonstances temporaires de lieu et de mode d’action, se traduisait par un écart apparent vis-à-vis du centralisme, par la création de deux centres : organe central et Comité central. Ces deux idées fondamentales de l’Iskra touchant l’organisation du Parti ont été développées par moi dans un éditorial de l’Iskra (n° 4) intitulé : « Par où commencer ? » [2] et dans Que faire ? [3] ; et enfin, expliquées par le menu, presque sous la forme de statuts, dans la « Lettre à un camarade » [4]. Il ne restait plus, en somme, que le travail de rédaction pour formuler les paragraphes des statuts qui devaient donner corps à ces idées, si la reconnaissance de l’Iskra ne demeurait pas sur le papier, n’était pas seulement une phrase conventionnelle. Dans la préface à la « Lettre à un camarade », rééditée par moi, j’ai indiqué déjà qu’il suffit d’un simple rapprochement entre les statuts du Parti et cette brochure pour établir la totale identité des idées d’organisation ici et là [5].

A propos du travail de rédaction pour formuler les idées organisation iskristes dans les statuts, force m’est de toucher à un incident soulevé par le camarade Martov. « … Une référence pratique vous montrera, disait Martov au congrès de la Ligue (p. 58), combien inattendu fut pour Lénine mon glissement vers l’opportunisme à l’occasion de ce paragraphe (c’est à dire le paragraphe 1). A un mois et demi ou deux mois du congrès, j’avais montré à Lénine mon projet où le § 1 était rédigé justement comme je l’ai proposé au congrès. Lénine se prononça contre mon projet, comme étant trop détaillé, et il me dit que seule l’idée du § 1 lui plaisait : la définition de l’adhésion qu’il accepterait dans ses statuts avec des modifications, car il trouvait ma formulation peu réussie. Ainsi Lénine connaissait ma formulation depuis longtemps il connaissait mon opinion sur ce point. Vous voyez ainsi que je me suis rendu au congrès à visière relevée, sans cacher mes conceptions. J’ai prévenu que je combattrais la cooptation réciproque, les principes d’unanimité lors de la cooptation au Comité central, à l’organe central, etc. »

En ce qui concerne l’avertissement relatif à la lutte contre la cooptation réciproque, nous verrons par ailleurs comment les choses se présentaient. Arrêtons nous maintenant à cette « visière relevée » des statuts de Martov. En exposant à la Ligue, de mémoire, l’épisode de son projet mal venu (que Martov avait lui-même retiré au congrès comme mal venu et que, après le congrès, avec cet esprit de suite qui lui est propre, il avait à nouveau ressorti), Martov, comme de juste, avait oublié bien des choses, et c’est pourquoi il a encore embrouillé les faits. Il semblait qu’il y eût assez de faits mettant en garde contre les références à des conversations privées et à sa mémoire (malgré soi, on ne se rappelle que ce que l’on trouve avantageux!); néanmoins le camarade Martov, à défaut de mieux, se sert d’une documentation de mauvais aloi. Maintenant même le camarade Plékhanov commence à l’imiter, sans doute parce que les mauvais exemples sont contagieux.

L’ « idée » du § 1 du projet de Martov ne pouvait me « plaire », car il n’y avait dans son projet aucune idée qui ait surgi au congrès. La mémoire lui a fait défaut. J’ai eu la chance de trouver dans les papiers le projet de Martov, où « le § 1 est rédigé autrement qu’il ne l’avait proposé au congrès » ! Voici bien la « visière relevée » !

§ 1 du projet de Martov : « Est considéré comme appartenant au Parti ouvrier social démocrate de Russie celui qui, tout en reconnaissant son programme, travaille activement à mettre en œuvre ses tâches sous le contrôle et la direction des organismes (sic !) du Parti. »

§ 1 de mon projet : « Est membre du Parti celui qui en reconnaît le programme et soutient le Parti tant par des moyens matériels que par sa participation personnelle dans une des organisations du Parti. »

Le § 1 dans la formule proposée par Martov au congrès et adoptée par ce dernier : « Est considéré comme membre du Parti ouvrier social démocrate de Russie celui qui en adopte le programme, soutient le Parti par des moyens matériels et lui prête un concours personnel régulier sous la direction d’une de ses organisations. »

De ce rapprochement il ressort nettement que le projet de Martov ne contient aucune idée, mais seulement une phrase creuse. Que les membres du Parti travaillent sous le contrôle et la direction des organismes du Parti, cela va de soi, il ne peut en être autrement, ceux-là seuls en parlent qui aiment parler pour ne rien dire, qui aiment remplir les « statuts » de verbiage et de formules bureaucratiques (c’est-à-dire inutiles pour le travail et soi disant nécessaires pour la parade). L’idée du paragraphe 1 n’apparaît que lorsqu’on pose la question : les organes du parti peuvent ils exercer en fait leur direction sur des membres du parti qui n’entrent dans aucune organisation du parti ? De cette idée il n’y a même pas trace dans le projet du camarade Martov. Je ne pouvais donc pas connaître l’« opinion » du camarade Martov « sur ce point », car dans le projet du camarade Martov, il n’existe aucune opinion sur ce point. La référence de fait donnée par Martov n’est qu’un brouillamini.

Au contraire, au sujet du camarade Martov justement, il convient de dire que de mon projet « il connaissait mon opinion sur ce point » et n’a pas élevé d’objections, ne l’a réfutée ni au comité de rédaction   bien que mon projet ait été montré à tous deux ou trois semaines avant le congrès,   ni devant les délégués qui ont pris connaissance uniquement de mon projet. Bien mieux. Même au congrès, lorsque j’ai déposé mon projet de statuts [6] et que j’ai défendu jusqu’à l’élection d’une commission des statuts, le camarade Martov a déclaré nettement : « Je me joins aux conclusions du camarade Lénine. Je ne suis pas d’accord avec lui sur deux questions seulement » (c’est moi qui souligne) : sur la question de savoir comment constituer le Conseil et sur la cooptation à l’unanimité (p. 157). Quant au désaccord sur le § 1 on n’en souffle pas encore mot.

Dans sa brochure sur l’état de siège, le camarade Martov a jugé nécessaire, une fois de plus, et avec force détails, de repenser à ses statuts. Il y assure que ses statuts, sous lesquels maintenant encore (février 1904.   on ne sait pas ce qui adviendra d’ici trois mois) il est prêt à mettre sa signature, sauf certains détails secondaires, « exprimaient assez nettement son attitude négative à l’égard du centralisme hypertrophié » (p. IV). Le fait de n’avoir pas présenté ce projet au congrès, le camarade Martov l’explique maintenant, en premier lieu, par ceci que « l’éducation iskriste lui avait suggéré une attitude de dédain à l’égard des statuts » (quand cela plaît au camarade Martov, le mot iskriste ne signifie pas pour lui esprit de cercle étroit, mais l’orientation la mieux comprise! Dommage seulement que l’éducation iskriste de trois ans n’ait pas suggéré au camarade Martov une attitude de dédain pour la phrase anarchiste par quoi son instabilité d’intellectuel est capable de justifier la violation des statuts adoptés d’un commun accord). En second lieu, voyez vous, le camarade Martov, lui, a évité « d’apporter la moindre dissonance à la tactique de ce noyau d’organisation fondamental qu’était l’Iskra ». Cela tient ensemble remarquablement ! Dans la question de principe relative à la formule opportuniste du § 1 ou au centralisme hypertrophié, le camarade Martov a tellement craint la dissonance (terrible seulement du point de vue très étroit de l’esprit de cercle), qu’il n’a pas porté ses divergences même devant ce noyau qu’est la rédaction ! Pour la question pratique de l’effectif des organismes centraux, le camarade Martov en a appelé, du vote de la majorité des membres de l’organisation de l’Iskra (ce véritable noyau d’organisation fondamental), à l’aide du Bund et des partisans du Rabotchéié Diélo. Le camarade Martov ne remarque pas de « dissonance » dans ses phrases qui insinuent l’esprit de cercle pour défendre la pseudo rédaction, en vue de nier « l’esprit de cercle » dans l’appréciation du problème par ceux qui sont le plus compétents. Pour l’en punir nous reproduisons intégralement son projet de statuts, en marquant pour notre part les vues et l’hypertrophie qu’il révèle [7] :

Projet de statuts du parti.

I.Appartenance au parti
1.Est considéré comme appartenant au Parti ouvrier social démocrate de Russie celui qui, tout en reconnaissant son programme, travaille activement à mettre en œuvre ses tâches sous le contrôle et la direction des organismes du Parti.
2. L’exclusion d’un membre du Parti pour des actes incompatibles avec les intérêts du Parti décidée par le Comîté central. [La sentence motivée concernant l’exclusion est conservée aux archives du Parti et communiquée, sur demande, à tout comité du Parti. On peut en appeler devant le congrès de la décision du Comité central concernant l’exclusion au cas où deux comités ou plus en formuleraient la demande] »… Je désignerai par des crochets les stipulations du projet de Martov nettement vides de sens et qui ne renferment non seulement aucune « idée », mais même aucune condition ou exigence précises, dans le genre de cette indication surprenante dans les « statuts » où précisément, il faut conserver la sentence, ou bien la référence au fait qu’on peut en appeler des décisions du Comité central relatives à l’exclusion (et non point en général de toutes ses décisions ?) devant le congrès. C’est là précisément une hypertrophie de la phrase, ou bien un véritable formalisme bureaucratique dans le sens de l’établissement de points et paragraphes notoirement inutiles ou paperassiers.
II.Les comités locaux
3.Les comités du Parti représentent le Parti son travail local… (C’est nouveau et très intelligent !)
4.[Sont considérés comme comités du Parti les effectifs des comités représentés au moment du deuxième congrès.]
5.Les nouveaux comités du Parti, en plus de ceux figurant au § 4, sont désignés par comité central [qui reconnaît comme comité l’effectif d’une organisation locale donnée ou qui constitue le comité local en réformant cette dernière].
6.Les comités complètent leur effectif par voie de cooptation.
7.Le Comité central a le droit de compléter l’effectif du comité local par un nombre de camarades (connus de lui), de façon que ce nombre ne dépasse pas le tiers de tout l’effectif donné… (C’est un modèle de paperasserie : pourquoi pas plus du tiers ? A quoi cela sert il ? Quel sens y a t il à cette restriction qui ne restreint rien, puisqu’on peut compléter à maintes reprises ?)
8.[Au cas où le comité local s’est désagrégé ou a été écrasé » (c’est à-dire qu’il n’a pas été pris tout entier.) par des persécutions, le Comité Central le rétablit » ]… (sans plus tenir compte du § 7 ? Le camarade Martov ne trouve t il pas que le § 8 ressemble aux lois russes de la bienséance, qui commandent de travailler en semaine et de se reposer les jours fériés ?)
9.[Le congrès ordinaire du Parti peut charger le Comité central de réformer l’effectif d’un comité local dont l’activité serait considérée comme incompatible avec les intérêts du Parti. Dans ce dernier cas, ledit comité est reconnu dissous et les camarades, là où il fonctionne, dégagés de toute soumission [8] à son égard » … La règle contenue dans ce paragraphe est aussi supérieurement utile que l’article figurant jusqu’ici dans les lois russes, et qui porte : l’ivrognerie est interdite à tous et chacun.
10.[Les comités locaux du Parti dirigent tout l’effort du Parti en matière de propagande, d’agitation et d’organisation à la base, et prêtent concours dans la mesure de leurs forces au Comité central et à l’organe central du Parti dans l’exécution des devoirs qui leur incombent pour l’ensemble du Parti. »]… Ouf ! A quoi cela sert il, pour l’amour de tous les saints ?…
11.[Le règlement intérieur de l’organisation locale, les rapports entre le comité et les groupes qui lui sont subordonnés (vous entendez, vous entendez, camarade Axelrod ?) et les limites de la compétence et de l’autonomie (est ce que les limites de la compétence ne sont pas la même chose que les limites de l’autonomie ?) « de ces groupes sont établis par le comité lui-même et portés à la connaissance du Comité central et de la rédaction de l’organe central » ]… (Une lacune : il n’est pas dit où ces communications sont conservées.) …
12.[Tous les groupes et membres du Parti subordonnés aux comités ont le droit d’exiger que leur opinion ou leur desideratum sur toute question soient communiqués au Comité central du Parti et à ses organismes centraux.
13.Le comité local du Parti a le devoir de prélever sur ses revenus et de verser à la caisse du Comité central sa quote part selon la répartition effectuée par le Comité central.
III.Organisations aux fins d’agitation dans une langue autre que le russe.
14.[Aux fins d’agitation dans une langue autre que le russe et d’organisation des ouvriers parmi lesquels cette agitation se fait, peuvent se constituer des organisations distinctes là où la nécessité s’impose de spécialiser cette agitation et de désigner une telle organisation.
15.Le soin de résoudre la question de savoir dans quelle mesure ce besoin existe est laissé au Comité central du Parti, et, en cas de contestation, au congrès du Parti. La première partie du paragraphe est inutile si l’on tient compte des stipulations suivantes des statuts; la seconde partie concernant les cas de contestation est simplement ridicule…
16.[Les organisations locales figurant au § 14 sont autonomes quant à leurs affaires spéciales, mais elles œuvrent sous le contrôle du comité local et lui sont subordonnées; quant aux formes de ce contrôle et à la norme des rapports d’organisation entre un comité donné et une organisation spéciale donnée, elles sont réglées par le comité local »… (à la bonne heure ! On voit maintenant qu’il était bien inutile d’aligner toute cette ribambelle de mots creux) … « En ce qui concerne les affaires générales du Parti, ces organisations œuvrent, comme parties d’une organisation de comité. ]
17.[Les organisations locales figurant au § 14 peuvent former une union autonome en vue de réaliser avec succès leurs tâches spéciales. Une telle union petit avoir ses propres organes littéraires et administratifs; mais les uns et les autres sont soumis au contrôle direct du Comité central du Parti. Les statuts de cette union sont établis par elle-même, mais sont approuvés par le Comité central du Parti.]
18.[Peuvent également faire partie de l’union autonome figurant au § 17 les comités locaux du Parti si, étant donné leurs conditions locales, ils se consacrent surtout au travail d’agitation dans la langue donnée. Note : Partie constitutive de l’union autonome, ce comité ne cesse pas d’être un comité du Parti »]… (tout le paragraphe est extrêmement utile et supérieurement intelligent, la note l’est encore davantage)
19.[Les organisations locales faisant partie de l’union autonome se trouvent, dans leurs rapports avec ses organismes centraux, sous contrôle des comités locaux.]
20.[Les organes littéraires et administratifs centraux des unions autonomes se trouvent dans les mêmes rapports avec le Comité central que les comités locaux du parti.]
IV.Le Comité central et les organes de presse du Parti.
21.[Les représentants du Parti dans son ensemble sont le Comité central et les organes de presse : politique et scientifique.]
22.Le Comité central assume la direction générale de toute l’activité pratique du Parti; le soin d’utiliser et de répartir judicieusement toutes ses forces; le contrôle sur l’activité de tous les secteurs du Parti; l’approvisionnement des organisations locales en publications; l’ organisation de l’appareil technique du Parti; la convocation des congrès du Parti.
23.Les organes de presse du Parti assument la direction idéologique de la vie du Parti; la propagande du programme du Parti et l’élaboration de la conception du monde de la social démocratie dans des ouvrages scientifiques et dans la presse.
24.Tous les comités locaux du Parti et les unions autonomes sont en rapports directs tant avec le Comité central du Parti qu’avec la rédaction des organes du Parti; périodiquement ils les informent de la marche du mouvement et du travail d’organisation à la base.
25.La rédaction des organes de presse du Parti est désignée par le congrès du Parti et fonctionne jusqu’au congrès suivant.
26.[La rédaction est autonome dans ses affaires intérieures] et peut, dans l’intervalle de deux congrès, compléter ou modifier son effectif, ce dont, le Comité central est informé chaque fois.
27.Toutes les déclarations émanant du Comité central ou qui en ont reçu la sanction, sont publiées, à la demande du Comité central, dans l’organe du Parti.
28.Le Comité central, d’accord avec la rédaction des organes du Parti, constitue des groupes littéraires spéciaux pour telle ou telle forme travail littéraire.
29.Le Comité central est désigné au congrès du Parti et fonctionne jusqu’au congrès suivant. Le Comité central complète son effectif par voie de cooptation illimitée, ce dont il informe chaque fois la rédaction des organes centraux du Parti.
30.L’organisation du Parti à l’étranger est chargée de faire la propagande parmi les Russes résidant à l’étranger et d’organiser les éléments socialistes parmi eux. A sa tête se trouve une administration élue.
31.Les unions autonomes militant dans le Parti peuvent avoir leurs sections à l’étranger qui doivent concourir aux objectifs spéciaux de ces unions. Ces sections font partie, à titre de groupes autonomes, de l’organisation du Parti à l’étranger.
V.Les congrès du Parti.
32.Le congrès est l’instance suprême du Parti.
33.[Le congrès du Parti en établit le programme, les statuts et les principes directeurs de son activité; il contrôle le travail de tous les organes du Parti et règle les conflits entre eux.]
34.Sont représentés au congrès : a) tous comités locaux du Parti; b) les organismes administratifs centraux de toutes les unions autonomes militant dans le Parti c) le Comité central du Parti et la rédaction de ses organes centraux d) l’organisation du Parti à l’étranger.
35.La transmission des mandats est autorisée, mais de façon qu’un délégué ne représente pas plus de trois mandats effectifs. Il est permis de partager un mandat entre deux représentants. Les mandats impératifs ne sont pas admis.
36.Le droit est conféré au Comité central d’inviter au congrès avec voix consultative des camarades dont la présence pourrait être utile.
37.En ce qui concerne la modification du programme ou des statuts du Parti, il faut qu’il y ait une majorité de deux tiers des voix en présence; les autres questions sont décidées à la simple majorité.
38.Le congrès est considéré comme valable si plus de la moitié de tous les comités du Parti existant à l’époque du congrès y sont représentés.
39.Le congrès est convoqué, dans la mesure du possible, une fois tous les deux ans. [Au cas où il y aurait des obstacles indépendants de la volonté du Comité central pour réunir le congrès dans ce délai, il le remet sous sa propre responsabilité.]

Le lecteur qui, par exception, a eu la patience de lire jusqu’au bout ces prétendus statuts, ne nous demandera certainement pas un examen spécial des conclusions ci-après. Première conclusion : les statuts pèchent par une hypertrophie difficilement guérissable. Deuxième conclusion : il est impossible de découvrir dans les principes d’organisation de ces statuts une nuance particulière attestant une attitude négative envers l’hypertrophie du centralisme. Troisième conclusion : le camarade Martov a été raisonnable au plus haut point en dérobant aux yeux du monde (et à la discussion du congrès) plus des 38/39 de ses statuts. La seule chose qui ne manque pas d’originalité, c’est que, à propos de cette dérobade, on parle de visière relevée.


[1] Dans son discours sur la reconnaissance de l’Iskra comme organe central, le camarade Popov disait entre autres : « Je me souviens d’un article paru dans le numéro 3 ou 4 de l’Iskra « Par où commencer ? ». Nombre de camarades militants en Russie l’ont jugé manquant de tact, à d’autres ce plan a paru fantastique, et la plupart ( ? sans doute, la plupart des personnes de l’entourage du camarade Popov) l’expliquaient par la vanité pure et simple » (p. 140). Comme le voit le lecteur, j’ai déjà pris l’habitude de voir expliquer mes vues politiques par la vanité, explication réchauffée maintenant par le camarade Axelrod et le camarade Martov. (Note de l’auteur)

[2] Voir Œuvres, Paris Moscou, tome 5, pp. 120. (N.R.)

[3] Ibid., pp. 355-544. (N.R.)

[4] Voir Œuvres. tome 6, pp. 233-255 (N. R.)

[5] Voir Œuvres, Paris Moscou, tome 7, pp. 133-134. (N.R.)

[6] Au fait. La commission des procès-verbaux a imprimé, dans l’annexe XI, le projet des statuts, « présenté au congrès par Lénine » (p. 393). Ici la commission a également embrouillé un peu les choses. Elle a confondu mon projet initial (voir Œuvres, Paris Moscou, tome 6, p. 499 501. N.R.) soumis à l’examen de tous les délégués (et à beaucoup d’entre eux avant le congrès) avec le projet présenté au congrès et a imprimé le premier en le faisant passer pour le second. Je n’ai, bien entendu, rien contre la publication de mes projets, même à tous les stades de leur préparation, mais il ne faut tout de même pas jeter la confusion. Or, il y a eu confusion, car Popov et Martov ( p. 154 et 157) critiquent des formules de mon projet réellement présenté au congrès, qui n’existent pas dans le projet publié par la commission des procès-verbaux (cf. p. 394, §§ 7 et 11). Un examen plus attentif aurait permis de remarquer sans peine cette erreur comparant simplement les pages indiquées par moi. (Note de l’auteur)

[7] Notons que je n’ai pas pu malheureusement trouver la première version au projet de Martov, qui comprenait quelque chose comme 48 paragraphes, souffrant encore plus d’une « hypertrophie » de formalisme mal placé. (Note de l’auteur)

[8] Nous attirons l’attention du camarade Axelrod sur ce vocable. C’est que c’est terrible ! Voilà bien les racines du « jacobinisme » qui va jusqu’à… jusqu’à modifier l’effectif de la rédaction… (Note de l’auteur)