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Le parti du prolétariat ne peut en aucune façon se proposer d’« introduire » le socialisme dans un pays de petits paysans tant que l’immense majorité de la population n’aura pas pris conscience de la nécessité d’une révolution socialiste.

Mais seuls des sophistes bourgeois s’abritant derrière un vocabulaire « pseudo‑marxiste » peuvent déduire de cette vérité la justification d’une politique qui ajournerait les mesures révolutionnaires urgentes, pratiquement tout à fait mûres, réalisées dans bien des cas pendant la guerre par un certain nombre d’Etats bourgeois et absolument indispensables pour combattre la désorganisation économique totale et la famine imminentes.

Il faut absolument exiger et, autant que possible, réaliser par la voie révolutionnaire, des mesures comme la nationalisation du sol, de toutes les banques et de tous les syndicats capitalistes ou, à tout le moins, un contrôle immédiat des Soviets des députés ouvriers et autres sur ces établissements, mesures qui n’ont rien à voir avec l’« introduction » du socialisme. Sans ces mesures, qui ne constituent que les premiers pas vers le socialisme et sont parfaitement réalisables du point de vue économique, il est impossible de guérir les blessures causées par la guerre et de conjurer la catastrophe imminente. Et le parti du prolétariat révolutionnaire n’hésitera jamais à porter atteinte aux profits exorbitants des capitalistes et des banquiers qui s’enrichissent de façon particulièrement scandaleuse justement « du fait de la guerre ».