1. La mesure de la valeur

L’argent exprime la valeur de toutes les marchandises. D’où la fonction de l’argent en tant que mesure de la valeur de toute marchandise. La valeur des marchandises est exprimée par leur prix, mais cette expression monétaire de la valeur n’est que relative.

Avec l’apparition de l’argent, les marchandises sont comparées l’une à l’autre non pas directement, mais au moyen de l’argent. L’échange des marchandises commence, lui aussi, à se faire au moyen de l’argent.

L’échange direct des marchandises que l’on observe au stade primitif du développement de la production marchande se transforme, avec l’apparition de l’argent, en achat et vente, en circulation marchande. Dans cette circulation des marchandises, l’argent remplit la fonction de moyen de circulation.

2. L’argent, moyen de circulation

Dans l’échange direct des marchandises, dans le troc, l’acte de l’échange est effectué chaque fois entre deux possesseurs de marchandises. Ainsi, lors de l’échange de bottes contre du blé, le cordonnier donne des bottes au paysan et en reçoit du blé. Cet échange n’implique pas d’opérations analogues entre les autres producteurs. Chaque échange particulier est entièrement indépendant à l’égard des autres opérations analogues.

Avec l’apparition de l’argent, la liaison entre les producteurs de marchandises devient plus compliquée. Chaque échange entre deux producteurs est rattaché à l’ensemble des échanges entre les autres producteurs. Ainsi, le cordonnier vend ses bottes et avec l’argent touché il achète du blé au paysan. Il a d’abord transformé sa marchandise en argent et, ensuite, l’argent en une autre marchandise. Cette transformation peut être représentée par la formule suivante : M — A — M (M signifie marchandise et A argent).

Au point de vue du cordonnier, le résultat est le même que s’il avait fait un échange direct de ses bottes contre du blé. Mais, en réalité, cette conversion des bottes en argent et ensuite de l’argent en blé se distingue essentiellement de l’échange direct. Supposons qu’il ait vendu ses bottes au tisseur. Où ce dernier a-t-il pris l’argent pour acheter des bottes ? Il faut croire qu’avant d’acheter les bottes, il a vendu une marchandise, de la toile, mettons. Par conséquent, le cordonnier ne peut vendre sa marchandise qu’à la condition que le tisseur ait vendu préalablement la sienne. Allons plus loin. Le tisseur a vendu à quelqu’un sa toile. Cela implique que l’acheteur de la toile, avant d’acheter cette dernière, a vendu quelque marchandise, etc. Enfin, le paysan qui a vendu son blé au cordonnier achètera la marchandise dont il a besoin à un tiers producteur.

Nous voyons donc que dans le système de la circulation des marchandises se crée une interdépendance entre les trois producteurs. Pour chacun d’eux, la conversion de sa marchandise en argent et de ce dernier en une autre marchandise est un cycle achevé : le mouvement a commencé par une marchandise et aboutit à une autre marchandise (bottes, argent, blé). Mais pour le cordonnier, la conversion des bottes en argent est le commencement du cycle, alors que pour le tisseur qui achète ces bottes c’est l’achèvement du cycle de sa marchandise, la toile. Ce qui pour le cordonnier est la fin du cycle est pour le paysan le commencement.

De la sorte, le cycle de chaque marchandise se confond d’une façon indissoluble avec les cycles de toutes les autres marchandises. Tout ce mouvement des marchandises dans leurs liaisons mutuelles et dans leur interdépendance s’appelle la circulation des marchandises. Dans ce procès, l’argent remplit la fonction de moyen de circulation.

Dans la circulation des marchandises, toute transaction entre deux producteurs, à la différence de l’échange direct, n’est plus une opération isolée et indépendante de celles survenues entre les autres producteurs.

Dans la circulation des marchandises, les rapports entre les producteurs se trouvent raffermis et compliqués.

L’échange de marchandises exprime le lien établi par l’intermédiaire du marché entre les producteurs isolés. L’argent signifie que ce lien devient de plus en plus étroit, puisqu’il unit la vie économique des producteurs en un tout indissoluble.

V. I. Lénine, Karl Marx…, p. 56-57.

La possibilité des crises

Dans le troc, la vente et l’achat de la marchandise coïncident. Lorsque le cordonnier échange ses bottes contre du blé, la vente des bottes est en même temps l’achat du blé, et la vente du blé est en même temps l’achat des bottes. En outre, cet échange entre le cordonnier et le paysan n’est lié en rien aux échanges effectués par les autres producteurs.

C’est pourquoi si un autre producteur, le tisseur par exemple, ne parvient pas à échanger sa marchandise, cela n’aura aucune répercussion sur l’échange des bottes contre du blé.

La situation est tout autre dans la circulation des marchandises. Si le tisseur n’arrive pas à écouler sa toile, il ne pourra pas acheter les bottes, le cordonnier ne sera donc pas en mesure de vendre sa marchandise et le paysan ne pourra pas vendre au cordonnier son blé. Si, sur un autre point quelconque de la circulation marchande, le cycle des échanges vient à s’arrêter, cela aura pour effet d’arrêter tous les autres cycles liés au premier.

Dans la circulation des marchandises, à l’encontre de l’échange direct, l’achat est séparé de la vente ; d’abord la marchandise est vendue à une personne, et achetée à une autre (par exemple, le cordonnier vend ses bottes au tisseur, et achète du blé au paysan). En second lieu, la vente de la marchandise ne s’effectue pas simultanément avec l’achat d’une autre marchandise, mais avant l’achat (le cordonnier achète du blé après avoir vendu ses bottes). Il est donc possible que la vente ne sera pas suivie d’un achat : le tisseur peut vendre sa toile mais différer pour un temps considérable l’achat des bottes. Si bien que le cordonnier, n’ayant pas vendu sa marchandise, ne pourra pas acheter du blé, le cordonnier et le paysan n’auront pas vendu leur marchandise. On voit donc que l’argent, qui lie en un tout les producteurs, crée en même temps l’éventualité de la rupture de ce lien. En raison du développement de la fonction de l’argent, comme moyen de circulation, des phénomènes tels que les crises, inconcevables dans le régime des échanges directs, deviennent possibles.

3. L’argent, moyen de paiement

À mesure que se développe la production marchande, parallèlement à la fonction de l’argent comme moyen de circulation, il se crée et se développe une autre fonction, celle du paiement. L’argent remplit la fonction de moyen de paiement dans le cas de la vente à crédit. Supposons que le cordonnier vende au paysan ses bottes à crédit et que le paysan s’engage à payer la dette dans un délai déterminé après la rentrée de la récolte et la vente du blé. Dans cette vente à crédit, l’argent ne remplit pas la fonction de moyen de circulation : la marchandise, les bottes passent entre les mains du paysan sans intermédiaire de l’argent. Lorsque le délai fixé viendra, le paysan sera tenu d’acquitter la dette, l’argent aura joué dans cette opération le rôle de moyen de paiement.

Ayant acheté la marchandise à crédit, le débiteur est obligé de vendre sa marchandise pour amortir sa dette ; qu’il le veuille ou non, le paysan doit vendre son blé, car autrement il ne peut pas acquitter à temps sa dette au cordonnier. Supposons ensuite que le cordonnier, ayant vendu à crédit ses bottes, a acheté au tanneur du cuir également à crédit avec engagement de payer quand le paysan aura acquitté le prix des bottes achetées à crédit ; que le tanneur achète à son tour à crédit les marchandises dont il a besoin en attendant d’être payé par le cordonnier. Il se forme ainsi une chaîne de dettes qui relie plus étroitement encore les producteurs de marchandises. Au cas où le paysan aurait une récolte déficitaire ou s’il ne parvient pas à vendre en temps utile son blé au prix avantageux, il se trouvera dans l’impossibilité d’acquitter sa dette au cordonnier, celui-ci au tanneur, lequel ne pourra pas à son tour payer ses créditeurs.

La fonction de l’argent comme moyen de paiement augmente la possibilité des crises. Si, par exemple, le débiteur n’acquitte pas sa dette au créditeur au temps convenu, le créditeur sera dans l’impossibilité de se procurer les moyens de production et les denrées de consommation nécessaires qui resteront ainsi invendus.

Avec le développement de la production marchande, quand elle devient la production capitaliste, la possibilité des crises devient une nécessité. (Nous donnons plus loin, au chapitre 9, un exposé détaillé de la théorie des crises.)

4. La quantité d’argent nécessaire à la circulation

Donc, l’argent remplit une double fonction : moyen de circulation et moyen de paiement. Qu’est-ce qui détermine la quantité totale de l’argent nécessaire à la circulation ? Cette quantité n’est pas une grandeur invariable, elle dépend de beaucoup de facteurs. Les principaux facteurs qui déterminent la quantité d’argent mis en circulation sont les suivants :

a) Le total des prix des marchandises à vendre. — Plus on vend de marchandises dans un pays donné dans un laps de temps donné, plus il faut d’argent pour leur réalisation. Si la somme des prix de toutes les marchandises atteint 100 millions de francs, il faudra deux fois moins d’argent que pour une masse de marchandises de 200 millions de francs.

b) La vitesse de la circulation de l’argent. — Si la croissance de la somme des prix des marchandises provoque la croissance de la quantité d’argent en circulation, l’accélération de la circulation de l’argent diminue cette quantité. Admettons que trois marchandises quelconques de cinq francs chacune soient mises en vente sur le marché, soit un quintal de blé, une paire de bottes et cinq mètres de toile. Admettons que chacune de ces ventes ne soit pas liée aux deux autres, c’est-à-dire que A vende à B du blé, que C vende à D des bottes et que E vende à F de la toile. Dans chaque cas, l’argent ne passera qu’une fois de main en main ou fera un seul tour. La quantité de l’argent en circulation sera égale à la somme des prix des marchandises, soit 15 francs.

Supposons maintenant que ces trois ventes soient liées entre elles, A vend à B du blé et avec les 5 francs ainsi obtenus il achète des bottes à C et, à son tour, C achète la toile à E. Dans ce cas, la réalisation des marchandises, dont la somme des prix est de 15 francs, a été effectuée à l’aide d’une seule pièce de 5 francs. L’argent aura fait ici trois tours, aura trois fois passé de main en main.

On peut en tirer cette conclusion que la quantité d’argent en circulation sera d’autant plus petite que la vitesse de la circulation sera plus grande.

c) La vente à crédit. — À tout moment ont lieu des ventes de marchandises non seulement au comptant, mais aussi à crédit. Cela diminue la quantité d’argent nécessaire à la réalisation des marchandises.

d) Le total des paiements venus à échéance. — À côté de la vente à crédit d’un certain nombre de marchandises, les paiements des opérations faites précédemment à crédit viennent à échéance et la quantité d’argent en circulation doit être augmentée d’autant.

e) Les dettes qui s’amortissent réciproquement. — Une partie des paiements peut être amortie sans argent. Ainsi, A doit à B 5 francs, B doit à C 5 francs et C doit à D la même somme et enfin D doit à A autant. Le total des échéances est de 20 francs, mais il est évident que ces dettes peuvent être amorties par leur simple juxtaposition sans avoir rien à débourser. D’où on peut conclure que plus est grand le nombre des paiements qui s’amortissent réciproquement et plus est petite la quantité d’argent en circulation.

Tels sont les facteurs principaux qui déterminent le total de l’argent nécessaire à la circulation. Cette quantité sera d’autant plus forte que la somme des prix des marchandises sera plus élevée, que la vitesse de la circulation de l’argent sera plus faible, qu’il y aura moins de vente à crédit, qu’il y aura plus de paiements de dettes en argent et moins de paiements qui s’amortissent réciproquement.

Lorsque dans la circulation il n’y a que des pièces d’or et d’argent, si la quantité totale d’argent nécessaire à la circulation diminue, l’excédent d’argent sera retiré de la circulation. Si dans la circulation il y avait un milliard de francs-or, et qu’il se soit trouvé par la suite qu’il ne fallait que 800 millions de francs, l’excédent de 200 millions de francs-or n’amènera pas le relèvement des prix des marchandises. Le prix c’est l’expression monétaire de la valeur, il dépend donc de la valeur de la marchandise et de celle de l’or. D’autre part, la valeur de la marchandise et celle de l’or dépendent de la quantité de travail dépensé pour leur production. Si on commence à donner pour une seule et même pièce d’or moins de marchandises non parce que la valeur de la marchandise s’est accrue ou que celle de l’or a diminué, mais parce que dans la circulation il y a eu 200 millions de francs-or de plus qu’il ne faut, cet excédent sera retiré de la circulation. La situation sera tout autre si dans la circulation il y a du papier-monnaie.

5. Le papier-monnaie et la monnaie de crédit

Le papier-monnaie prend naissance de la fonction de l’argent comme moyen de circulation. Dans cette fonction, l’argent passe constamment de main en main. Ce caractère momentané de la fonction de l’argent comme moyen de circulation a pour conséquence que la monnaie en or est de plus en plus remplacée par de simples billets, par le papier-monnaie qui représente la monnaie en or.

Si le papier-monnaie émis ne dépasse pas la quantité d’argent nécessaire à la circulation, il ne sera pas déprécié. Ainsi, admettons que pour la circulation, il faille un milliard de francs-or et qu’il a été lancé dans la circulation du papier-monnaie pour cette somme. Dans ce cas, chaque franc-papier remplace un franc-or. Pour un franc-papier on donnera autant de marchandises que pour un franc-or. Mais si, le besoin total de la circulation étant de un milliard, il a été émis 2 milliards de papier-monnaie, ces 2 milliards représenteront non pas 2 milliards, mais un seul milliard de francs-or. C’est que le papier-monnaie remplace la monnaie en or uniquement dans la circulation. C’est pourquoi toute la masse de papier-monnaie, quel qu’en soit le montant, ne représente que la quantité d’or nécessaire pour la circulation.

Dans la circulation de la monnaie-or, l’excédent est retiré de la circulation. La monnaie-or a de la valeur, elle peut être fondue en objets d’or ou conservée comme trésor. Alors que le papier-monnaie est sans valeur (quant à l’impression du papier-monnaie dont le coût est tout à fait minime, elle est une quantité négligeable) ; il remplit seulement la fonction de moyen de circulation. C’est pourquoi l’excédent de papier-monnaie n’est pas retiré de la circulation. S’il y a dans la circulation, admettons, 2 milliards de papier-monnaie et qu’il faille un milliard-or, ces 2 milliards de papier représentent un milliard-or et chaque franc-papier ne représente que 0,50 franc or. La marchandise valant un franc-or se vendra 2 francs-papier. La quantité de monnaie-or que l’on donnera contre le papier-monnaie diminuera de moitié.

Si la fonction de l’argent comme moyen de circulation engendre le papier-monnaie, la fonction de l’argent comme moyen de paiement, donne naissance à la monnaie de crédit. Lors de la vente de marchandises à crédit, l’acheteur (le débiteur) tire une traite sur le vendeur (le créditeur) par laquelle il s’engage à payer la somme donnée à la date déterminée. Cet engagement porte le nom de lettre de change ou de traite.

Supposons que A ait vendu à crédit pour 100 francs de marchandises à B et qu’il en ait reçu une traite de 100 francs dont l’échéance expire le 1er janvier. À son tour, A, en achetant de la marchandise à C et manquant d’argent liquide (pour avoir vendu sa marchandise à crédit), prend lui aussi l’engagement de payer au 1er janvier. Mais au lieu de donner une nouvelle traite à C, il lui donne la traite reconnue de B, si bien que le 1er janvier, C touchera de l’argent non pas de A, mais de B. À son tour, C peut payer avec cette traite son créditeur à lui, etc. La traite qui circule ainsi fait fonction d’argent.

Avec le développement du crédit et des banques (voir pour plus de détails sur les banques le chapitre 7) les traites sont de plus en plus concentrées dans ces dernières. A ayant reçu de B une traite de 100 francs, verse cette traite à la banque qui lui donne pour elle de l’argent (c’est ce qu’on appelle l’escompte des traites). Et B, lorsque viendra l’échéance, paiera à la banque. Concentrant beaucoup de traites de particuliers, la banque peut mettre en circulation ses traites que l’on appelle billets de banque avec l’engagement de les échanger contre de l’or à n’importe quel moment.

La banque fait des prêts et escompte les traites des particuliers avec ses billets. Ceux-ci ont ainsi pour couverture les traites des particuliers. En cas d’insolvabilité d’un des débiteurs de la banque, celle-ci ne sera pas en état de tenir ses engagements. Aussi, la loi stipule d’ordinaire que les billets de banque doivent avoir une couverture partielle en or. Dans certains pays, seule la banque d’État a le droit d’émettre des billets de banque.

Les billets de banque sont garantis partiellement par de l’or et partiellement par des traites privées. En cas de crise, les traites accumulées dans la banque perdent de leur valeur quand beaucoup de capitalistes font faillite. C’est pourquoi il est inévitable que les billets de banque perdent plus ou moins de leur valeur et que leur cours baisse.

Dans certaines conditions, les billets de banque deviennent du papier-monnaie sans aucune couverture. Ce qui eut lieu pendant la guerre mondiale de 1914-1918 et quelques années après. Pour faire face à leurs formidables dépenses, les gouvernements des pays belligérants émirent, par l’entremise des banques d’État, beaucoup de billets de banque. Bien que ceux-ci portassent une inscription disant qu’ils sont garantis dans telle ou telle mesure par l’or et que la banque s’engageât à les échanger contre de l’or, des lois spéciales promulguées pendant la guerre suspendirent l’échange de ces billets contre de l’or et, en fait, les billets de banque devinrent, d’effets de crédit, avec couverture-or, du papier-monnaie sans garantie.

6. L’inflation

L’émission de papier-monnaie dans une proportion qui dépasse la quantité de monnaie-or nécessaire pour la circulation s’appelle l’inflation. Dans l’inflation sont inévitables la baisse du cours du papier-monnaie et l’augmentation des prix. Cela découle des conditions mêmes dans lesquelles se produit habituellement l’inflation. L’État fait appel à l’émission du papier-monnaie lorsque le déficit du budget public ne peut être comblé par la voie normale des impôts et des emprunts. Cela a lieu justement lorsque la production ainsi que la circulation des marchandises baissent dans une proportion sensible, tant pendant la crise que, dans une plus forte proportion encore, lorsque, parallèlement à cette baisse, s’accroissent les dépenses de l’État, comme cela eut lieu pendant la guerre.

Déjà la compression de la circulation des marchandises diminue la quantité de l’argent nécessaire, mais le papier-monnaie n’est pas retiré de la circulation. Il se produit la hausse des prix et la baisse du cours du papier-monnaie. Dans ces conditions, chacun cherche à écouler l’argent qu’il possède et à acheter des marchandises. Le rythme de la circulation de l’argent se trouve ainsi accéléré. Plus vite l’argent circule et moins il en faut. C’est pourquoi avec l’accélération de la circulation du papier-monnaie, son cours continue de baisser et les prix montent. Grâce à l’émission de papier-monnaie, l’État achète des marchandises, mais comme, d’autre part, l’émission de papier-monnaie favorise la hausse des prix, l’État est obligé, pour se procurer la même masse de marchandises, d’émettre des quantités croissantes de papier-monnaie, ce qui conduit à une hausse plus grande des prix, qui nécessite, à son tour, une plus grande quantité de papier-monnaie, etc., etc.

La conséquence la plus importante de l’inflation c’est la baisse du salaire réel. Bien que le salaire exprimé en papier soit augmenté, cette augmentation est plus lente que celle des prix. C’est pourquoi dans le cas de l’inflation, l’ouvrier peut s’acheter de moins en moins de marchandises et n’arrive pas à rétablir sa force de travail ; son salaire réel baisse. Cela est fort avantageux pour les capitalistes, car la baisse du salaire réel implique la baisse des prix de revient et la croissance des profits capitalistes.

À l’heure actuelle, dans tous les pays capitalistes, la bourgeoisie essaie de trouver une solution à la crise aux dépens de la classe ouvrière, en baissant fortement le niveau de vie de cette dernière. Cette tendance de la bourgeoisie à trouver une issue à la crise aux dépens de la classe ouvrière est la cause principale de l’inflation dans certains pays capitalistes, en premier lieu en Amérique, en Angleterre et au Japon.