La lobbyiste Américaine Fiona Scott Morton
renonce à devenir économiste en chef
à la Commission Européenne. L'Europe, fief des États-Unis ?

Conclusion d’une polémique qui a agité l’Europe cette dernière semaine : la lobbyiste américaine Fiona Scott Morton renonce à sa nomination au poste de cheffe économiste à la direction générale de la concurrence de la Commission Européenne.

Un peu de décryptage pour commencer : la direction générale de la concurrence a pour mission de veiller à la “juste” concurrence sur le marché européen. Dans le domaine de la technologie (qui nous intéresse particulièrement dans le cas de Fiona Scott Morton) cela consiste entre autres à s’assurer que les géants américains — dont les GAFAM — respectent les règles et normes européennes. Par exemple en matière de lutte contre l’obsolescence programmée, ou encore d’imposition de standards pour éviter la multiplication des chargeurs “propriétaires”.

Premier problème : Fiona Scott Morton compte dans son CV un grand nombre de missions de consultance auprès de ces mêmes géants de la technologie que la direction générale de la concurrence est supposée réguler. On retrouve parmi ses “anciens” clients Amazon, Apple et Microsoft, dont les vélléités monopolistiques ne sont plus à démontrer. Bref, une porte ouverte aux conflits d’intérêt que Margrethe Vestager, commissaire européenne à la tête de cette institution, a tenté de balayer sous le tapis en défendant bec et ongles cette nomination face aux nombreuses protestations.

Second problème : Fiona Scott Morton est une citoyenne américaine; les intérêts impérialistes de son pays rentrent en conflit direct avec ceux d’une Europe prétendant à plus d’autonomie économique et politique. Cette tentative d’imposer sa nomination est donc un signe clair de la subordination des institutions de l’Union Européenne à l’impérialisme américain.

Et il ne faut pas laisser cet arbre cacher la forêt : pour une lobbyiste se voyant refuser l’entrée dans les hautes sphères européennes, combien d’autres — à des postes peut-être moins en vue — ont leur place à la table des décisionnaires et se font les relais des intérêts des sociétés multinationales aux échelles nationales et européenne ?