Enquêtant depuis les débuts du conflit en Ukraine sur les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire de la part des deux camps, Amnesty International a récemment publié ses conclusions (lire l’article complet d’Amnesty ici), dénonçant des tactiques de combat de l’armée ukrainienne mettant délibérément en danger les populations civiles.

En effet, de nombreuses preuves et témoignages recueillies par l’ONG attestent que les troupes ukrainiennes se positionnent et attaquent régulièrement depuis des zones peuplées et bâtiments civils tels que des écoles et des hôpitaux, sans demander aux habitants d’évacuer les lieux. Ce qui revient donc à utiliser les populations civiles comme boucliers humains, les exposant dangereusement aux frappes de représailles de l’armée russe.

Quant à cette dernière, elle est également dénoncée dans la publication pour l’utilisation d’armes à sous-munitions, frappant de larges zones sans distinction et provoquant donc de lourdes pertes civiles. Parmi ces crimes de guerre commis par les troupes russes, Amnesty note également que ceux-ci ne sont pas systématiquement liés à une présence de l’armée ukrainienne sur les lieux.

De son côté, la Haute-Commissaire des Nation Unies aux droits de l’homme alerte également sur le bilan très lourd en vies humaines de ce conflit qui s’éternise (lire le rapport complet ici). A la date du 3 juillet, 10 000 civils tués ou blessés étaient recensés — dont 4889 décès, parmi lesquels 335 d’enfants. Des chiffres dont l’ONU précise qu’ils sont probablement en deçà de la réalité et qui se sont depuis alourdis.

L’utilisation d’armes explosives, y compris à sous-munitions, et le placement de troupes et de matériel militaire ukrainiens dans des zones habitées et aux abords d’écoles ou d’hôpitaux sont également pointés du doigt par la commission, et se perpétuent malgré les dénonciations. L’ONU recensait, à la date du rapport, plus de 400 centres éducatifs et médicaux détruits, ainsi que des milliers de foyers. Des chiffres également sous-estimés selon les enquêteurs.

Le rapport dénonce également un grand nombre d’exécutions sommaires, de meurtres hors de situations de combat, d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées et de viols (y compris collectifs). La majorité de ces crimes ont été commis par les forces d’occupation russes, mais certains sont du fait des forces ukrainiennes. Des actes de torture perpétrés par les deux camps sont aussi mentionnés.

Le droit à l’expression fait de même les frais du conflit, avec un bilan de 17 journalistes et blogueurs indépendants tués et 14 blessés. Des poursuites sont engagées notamment en Crimée contre les voix en dissonance avec le discours officiel russe et des médias et sites traitant des droits de l’homme et du droit humanitaire sont bloqués.

De son côté, Volodimir Zelensky rejette catégoriquement le rapport d’Amnesty, pourtant concordant avec celui de l’ONU, et accuse l’organisation de “mettre la victime et l’agresseur sur un pied d’égalité”. L’ONG a pourtant insisté dans son rapport sur le fait que les tactiques de l’armée ukrainienne ne justifient en rien les bombardements aveugles de la Russie.