La parole aux metallos

Au travail, je ne peux pas montrer de faille, de faiblesse. Sinon on peut m’attaquer.

Les gens de la direction, ce sont comme des politiciens. À côté d’eux, Di Rupo et les autres, c’est rien du tout. Que des petits arrangements et des magouilles. Moi je les envoie tous chier.

Là je vais chez le kiné. J’ai pas encore 40 ans mais à cause du travail, je suis cassé. J’ai des problèmes de sciatique, je dois me faire opérer du dos, etc. J’ai aussi un problème de nerfs dans les mains (le canal carpien). Le sang ne circule plus bien. Parfois quand je conduis je ne sens plus ma main et je dois la mettre de côté.

[…] Avant je travaillais dans le bâtiment, c’était rien à côté de ce que je fais maintenant à l’usine. Par exemple, une fois, après avoir travaillé des heures, j’avais demandé à mon chef une pause car je crevais de mal au dos. Il me l’avait donnée sans problème. Ici par contre, quand je fume ou quand je prends un café, on me fait une remarque au bout de deux minutes : « Tu fumes un peu trop toi, allez remets-toi au travail. »

Avant je devais faire les pauses. Mais je n’avais pas de voiture et il n’y avait pas de bus de chez moi pour venir à l’usine. Je devais me débrouiller pour venir, qu’il pleuve ou qu’il neige. Parfois je rentrais à pieds. Si je terminais à 14h, j’arrivais à 17h chez moi. Des fois je prenais le vélo.

Si je mange c’est parce que je me lève tous les jours pour aller travailler.

Il y a quelques années, on organisait des visites de l’usine pour les familles des ouvriers. Une fois, un gamin s’est mis à pleurer en voyant ce que devait faire son père, comment il devait se tuer au boulot. Ç’a choqué tout le monde car ça en disait long sur notre travail.