Après environ une semaine, le mouvement de grève se poursuit chez Ab InBev à Jupille. [https://www.facebook.com/RuptureetRenouveau/photos/a.352762388919395/688140158714948/]. Les ouvriers en grève font collectivement acte de résistance et de solidarité. Cet après-midi, nous sommes retournés sur le piquet pour leur exprimer notre soutien. La pression sur eux est de plus en plus forte mais ils restent soudés et déterminés à y aller au finish.

Comme ils le disent, ce qui est directement dénoncé n’est que la « pointe de l’iceberg », la « goutte d’eau de trop » ; « si on ne fait pas la grève maintenant, on ne le fera jamais ; si on se laisse faire pour ça, on devra se laisser faire pour un tas d’autres choses. »

Voici quelques propos recueillis aujourd’hui :

➡️ « Ab Inbev, c’est une multinationale ; rien ne les arrête. Ils ont toutes les lois pour eux, des appuis politiques à tous les niveaux. Ici nos conditions de travail ne sont pas correctes mais ils sont couverts par leurs normes. Pour la sécurité des ouvriers, il n’y a pas d’argent. L’ouvrier passe après la sécurité. »

➡️ « Cette multinationale, très puissante, a énormément de moyens ; ses investissements sont massifs. Mais ces moyens, elle les met pour gagner toujours plus d’argent sans penser à la protection des travailleurs. »

➡️ « Ils envoient même des sms aux ouvriers en grève pour leur mettre la pression et leur faire sentir qu’ils risquent leur place. »

➡️ « L’autre jour, la direction a attendu l’heure creuse, c’est-à-dire quand il y a le moins de monde sur le piquet, pour envoyer la police et les huissiers, en croyant qu’on allait lâcher. Les délégués, qui connaissent les lois, sont alors revenus en urgence et on s’est battus pour ne pas qu’on démonte notre barrage et notre piquet. La direction pensait qu’on allait dégager avec la venue des huissiers, par peur de l’astreinte (2500 euros). A ce moment-là les travailleurs de l’équipe de nuit sont arrivés. Le directeur leur a dit : allez-y, passez, vous pouvez recommencer à travailler. Mais les gars de l’équipe ont été solidaires, se sont assis et ont dit à la direction ‘on ne va pas travailler, on va soutenir nos délégués et nos collègues’. Grâce à eux, on ne s’est pas fait botter le cul par la direction et on les remercie! Il faut qu’on continue le combat contre ces instances capitalistes. »

➡️ « On doit tous livrer un combat difficile. Mais il faut le faire absolument. Le capitalisme veut nous ramener 200 ans en arrière. On n’a pas le choix. On doit se bouger, et intelligemment. »

➡️ « La classe ouvrière a toujours été la base de la lutte. C’est toujours celle qui s’est le plus rebellée et c’est celle qui a le plus ramassé. Les ouvriers ne doivent jamais oublier d’où ils viennent. »

➡️ « Quand tu es directeur, avec ton salaire énorme, et que tu as une bande d’ouvriers ; les petits là, les tout petits, qui refusent de travailler et se mettent tous contre toi en te disant non… tu te retrouves seul face à un groupe soudé, une meute de loups assoiffés de justice ! »Et on rajoutera le sage et précieux conseil qui nous a été donné par un des grévistes : « formez-vous, étudiez beaucoup, mais gardez toujours vos racines dans la classe ouvrière ».

La société repose sur la force de travail des ouvriers, ce qui est apparu très nettement durant cette crise. Mais dans le système social actuel, ceux-ci sont sacrifiés pour le profit d’une infime minorité. Aujourd’hui, sans attendre, soyons nombreux à apporter notre soutien aux grévistes d’AB InBev ! 👊 🚩